Le Front al-Nosra et ses alliés islamistes ont pris une ville stratégique de la province d’Idleb, non loin de la frontière turque et sur la route de Lattaquié. La branche syrienne d’Al-Qaïda et des groupes rebelles islamistes ont pris samedi le contrôle de la quasi-totalité de la ville stratégique de Jisr al-Choghour, dans la province d’Idleb (nord-ouest), selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). «Le Front al-Nosra et des bataillons islamistes sont entrés dans Jisr al-Choghour ce matin après de violents combats avec les forces du régime depuis jeudi. Ils ont pris le contrôle de la quasi-totalité de la ville, que les forces du régime sont en train de fuir», a précisé le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. L’OSDH a dénombré au moins 60 cadavres des forces du régime dans les rues de la ville, et affirmé que les combats se poursuivaient dans quelques quartiers du sud-ouest de la cité. La coalition de combattants, qui se fait appeler l’Armée de la conquête, avait pris fin mars la grande ville d’Idleb, deuxième capitale provinciale perdue par le régime en quatre ans de conflit, après Raqa (nord), devenue le fief du groupe djihadiste État islamique en Syrie. Une source militaire syrienne, citée par l’agence officielle Sana, a affirmé que «l’aviation a bombardé des rassemblements terroristes dans la région de Jisr al-Choghour et a détruit des dizaines de véhicules militaires et tué des terroristes qui s’y trouvaient».
«Une grande valeur stratégique»
Jisr al-Choghour, qui était l’un des derniers bastions du régime dans la province d’Idleb, a une grande valeur stratégique car elle est très proche de la Turquie, pays favorable à la rébellion syrienne, et située sur la route menant à la province de Lattaquié, fief du président syrien Bachar el-Assad. La présence du régime dans la province d’Idleb se limite maintenant à la ville de Ariha (25 kilomètres de Jisr al-Choghour) et Al-Mastoumé, proche de Ariha. «Cette ville est plus importante que celle d’Idleb, car elle est à proximité de la province de Lattaquié et de régions contrôlées par le régime dans la partie nord-est de la province de Hama», a expliqué le président de l’OSDH. D’après M. Abdel Rahmane, «des milliers de combattants [djihadistes et rebelles] sont dans la ville, et des accrochages continuent». La télévision syrienne a affirmé que «des unités de l’armée sont engagées dans des combats féroces dans Jisr al-Choghour et ses environs», sans donner plus de détails. Selon un compte Twitter officiel d’al-Nosra, la ville de Jisr al-Choghour est «libérée». D’autres comptes djihadistes montrent des photos de drapeaux de la branche syrienne d’Al-Qaïda flottant sur une place de la ville. Jisr al-Choghour a connu au début du soulèvement contre Bachar el-Assad de très grandes manifestations. Des milliers de Syriens avaient participé aux rassemblements, réprimés par la force. Elle a aussi connu la première grande opération de rebelles contre des forces de la police du régime. Du 4 au 6 juin 2011, 140 policiers sont morts dans la ville dans un assaut des premiers rebelles, qui étaient surtout des déserteurs de l’armée. Mais les forces du régime avaient tout de suite repris le contrôle de la situation.
