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SILA 2015 : fréquentation record et un salon toujours en attente de professionnalisation

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Malgré un nouveau record de fréquentation et avec un programme de conférences thématiques controversé, le 20e Salon international du livre d’Alger (Sila), qui a fermé ses portes hier, n’aura que peu répondu aux attentes du grand public et des professionnels, qui souhaitent pour l’avenir une meilleure organisation et une professionnalisation de ce rendez-vous annuel.
Ouvert au public depuis le 29 octobre, le Sila aura accueilli de nombreux visiteurs venus d’horizons divers, allant des étudiants et écoliers en quête d’ouvrages spécialisés et d’apprentissage de langues étrangères, aux familles à la recherche de livres parascolaires, en passant par des lecteurs friands de littérature ou d’ouvrages à caractère religieux. Avec plus de 900 exposants, ce 20ème Sila a consacré, comme chaque année, le succès du livre technique et a enregistré une belle nouveauté, un regain d’intérêt pour la littérature écrite en langue arabe en français. La hausse des ventes dans ces deux catégories d’édition ont été encouragées par une « production importante » avec l’apparition de plusieurs jeunes auteurs, une plus grande « disponibilité » des ouvrages et des prix jugés « très abordables ». Du côté des éditions spécialisées dans le livre pour enfants, qui ont connu une baisse considérable des ventes, des visiteurs ont regretté la « pauvreté de l’offre proposée » en matière de littérature de jeunesse. Ils relèvent aussi la présence sur les rayons d’ouvrages religieux au contenu destiné aux adultes et de plusieurs titres jugés « inadaptés » par des parents et des éducateurs. L’application stricte de l’interdiction de la vente en gros lors du Sila a en outre entraîné, selon des éditeurs, une « baisse des ventes de 30 % » concernant le livre religieux et le livre pour enfant. Les espaces relativement nouveaux à connaître par un franc succès auront été ceux proposant l’apprentissage des langues et ceux faisant la promotion des universités étrangères. Un grand nombre d’étudiants et de lycéens manifestement intéressés emplissaient les stands des représentations diplomatiques et des différents instituts culturels européens. La France étant l’invité d’honneur de ce 20ème Sila, l’Institut français d’Alger (Ifa) a installé un stand dont une partie était réservée aux services d’information sur les universités françaises et aux inscriptions aux cours de langue, tout comme le British Council et l’ambassade des États-Unis d’Amérique qui proposait chaque jour des activités dédiées à l’amélioration de l’anglais oral et aux renseignements sur l’immigration vers les USA. En plus de l’exposition, le Sila a également proposé une séries de rencontres majoritairement destinées aux professionnels du livre, mais qui peinaient à attirer les concernés et encore moins les visiteurs anonymes, exception faite de la journée dédiée à l’histoire et plus particulièrement aux massacres du 8 mai 1945 perpétrés par la France coloniale. Une journée algéro-française sur la coopération entre les deux pays dans le domaine de l’édition a été marquée par une réflexion sur la pénurie de traducteurs et des voies de coopération dans ce domaine, sans toutefois attirer le nombre escomptés d’éditeurs algériens. La professionnalisation du salon toujours réclamée. Cette année, le Sila a été marqué par la remise du Prix Assia Djebar du roman attribué à trois jeunes auteurs en langue arabe, tamazight et française (respectivement Abdelwahab Aïssaoui, Rachid Boukharoub et Amine Aït Hadi), une première saluée par les professionnels du livre et des écrivains qui y voit un « premier pas » vers un salon professionnel. Aux rencontres réservées à la coopération algéro-française dans le domaine du livre, de nombreux professionnels français ont par ailleurs souhaité avoir accès à des « statistiques précises » sur le marché algérien du livre tout en plaidant pour un « renforcement » du réseau de distribution et la circulation des livres entre les pays du Maghreb. D’autres rencontres ont également eu lieu pour débattre du « livre numérique » de « l’édition de la littérature en Tamazight » ou encore de la « toponymie », des sujets abondamment discutés lors des éditions précédentes et qui ne semblent plus figurer au top des préoccupations des professionnels comme du public. Lus prosaïquement, des participants ont déploré l’absence au sein du salon d’un « espace de rencontre » entre éditeurs, écrivains, distributeurs et journalistes, une manière de prendre en charge la construction et la promotion de projets littéraires. D’autres éditeurs ont souhaité que le salon puisse se doter d’une entreprise habilitée à « gérer » et à « encourager » les ventes de livres, le nombre souvent « astronomique » de visiteurs ne renseignant en rien sur le niveau de lecture ni sur la santé du marché du livre, au moment où il est question de « hisser le Sila au niveau des grandes rencontres internationales ».

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