Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a lancé une vaste purge de l’appareil d’État à la suite de la tentative ratée de coup d’État par un groupe de militaires.
En Turquie, la situation s’envenime et les tensions continuent. Près de 9 000 fonctionnaires du ministère de l’Intérieur turc, en majorité des policiers et des gendarmes, ont été limogés après la tentative de coup d’État manquée, a rapporté ce lundi l’agence de presse pro-gouvernementale Anadolu. Près de 4 500 policiers et 614 gendarmes figurent parmi les fonctionnaires écartés, au total 8 777 personnes, selon Anadolu qui cite le ministère de l’Intérieur. Un gouverneur de province et 29 gouverneurs de municipalités ont aussi été mis à pied, a ajouté l’agence. La communauté internationale a mis en garde la Turquie contre la tentation d’une répression généralisée.
Ces limogeages rentrent dans le cadre d’une vaste purge de l’appareil d’État lancée par le président turc Recep Tayyip Erdogan après l’échec samedi d’une tentative de renversement de son régime par un groupe de militaires. Quelque 6 000 militaires ont par ailleurs déjà été placés en garde à vue et près de 3 000 mandats d’arrêt délivrés à l’encontre de juges et de procureurs. Ce « grand ménage » vise les personnes soupçonnées de liens avec le prédicateur exilé aux États-Unis Fethullah Gülen, accusé par le président Erdogan d’avoir fomenté cette tentative de putsch, ce que ce dernier a formellement démenti. De plus, 133 généraux et amiraux turcs ont été placés en garde à vue dans le cadre de l’enquête. Selon l’agence, qui dresse une liste détaillée de leurs noms, ces officiers supérieurs proviennent de l’armée de l’air, de terre, de la Marine et des quatre coins du pays.
7 500 personnes en garde à vue
Le Premier ministre turc Binali Yildirim a assuré que les putschistes devraient « rendre des comptes », mais « dans le cadre du droit », à l’issue d’un conseil des ministres à Ankara. « Nous allons demander des comptes pour chaque goutte de sang versée », a promis Binali Yildirim, soulignant toutefois qu’Ankara allait « agir dans le cadre du droit », alors que l’UE et les États-Unis venaient d’appeler la Turquie à respecter l’État de droit. D’autre part, il a annoncé que plus de 7 500 personnes avaient été placées en garde à vue dans le cadre de l’enquête. Sur les 7 543 suspects en garde à vue figurent notamment 6 038 militaires, 755 magistrats et 100 policiers, a précisé le chef du gouvernement turc, qui a également fait état de 208 « martyrs », donc d’un bilan total d’au moins 308 morts.
Le rétablissement de la peine de mort requiert un débat parlementaire
Le Premier ministre turc Binali Yildirim a déclaré lundi qu’un éventuel rétablissement de la peine capitale, évoqué en Turquie après le putsch manqué, nécessitait un débat au Parlement.
« C’est un sujet qui doit être pensé en détail, débattu au Parlement, qui nécessite un changement de la Constitution », a déclaré le chef du gouvernement turc, ajoutant qu' »il n’est pas bon de prendre une décision avec précipitation (…) mais (que) la demande du peuple ne peut être ignorée ».