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Pr BENMIHOUB ESTIME QUE LE BUDGET DE L’ÉTAT NE PEUT PLUS SUPPORTER LES DÉFAILLANCES DE L’ENTREPRISE PUBLIQUE : 250 milliards USD consommés en 25 ans

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Après avoir déclaré que l’Algérie souffre d’une panne de croissance forte, notamment pour les entreprises publiques, à cause de sa stratégie basée sur la subvention, le professeur Mohamed Chérif Benmihoub, ministre délégué chargé de la Prospective, insiste sur l’obligation de régler la question du droit de propriété. Pour ce faire, il propose la création d’une agence des participations de l’État, qui fonctionne sur la base de règles claires.

Intervenant, hier, sur les ondes de la radio chaîne3, Mohamed Chérif Benmihoub a indiqué qu’après la mise en place du plan de relance économique 2020/2024 élaboré par le gouvernement, il a été constaté de sérieuses carences, nécessitant un diagnostic en profondeur. « C’est sur la base de ce dernier, précise-t-il, qu’a été dressé un constat mettant en lumière le fait que l’Algérie « est en panne d’une croissance forte», parce que, explique-t-il, elle n’a cessé d’être amarrée aux subsides générés par ses hydrocarbures, une relation « organique » dont dépendent tous ses secteurs d’activités.
Précisant qu’afin de se tirer de cette pénible situation, le pays doit se lancer dans une croissance « à des niveaux élevés » afin, notamment, d’absorber le « chômage chronique ». Pour cela, l’intervenant juge impératif de rejeter, très vite, « le système d’une économie extravertie, consistant à importer des produits finis et à exporter de la matière première, jugeant qu’il faut, désormais, faire du développement et cesser de faire de la comptabilité, « en restant braqué sur les réserves de change ». Pour réaliser les objectifs de développement attendus, le professeur Benmihoub estime qu’il faut en passer par une analyse sans concession du système productif national, dans toutes ses composantes, afin d’améliorer la situation.

Les Mines et la Pharmacie, comme leviers de croissance
Du rapport présenté en ce sens au gouvernement, il révèle la proposition d’un certain nombre de leviers de croissance, parmi lesquels il met en avant le secteur des mines, un réservoir de richesses abandonné à lui-même « depuis très longtemps». Il cite, également, l’industrie pharmaceutique, dont il considère qu’il faut rationaliser les investissements, de même que le secteur des énergies renouvelables, mettant en garde sur le risque de voir se renouveler les mêmes erreurs que celles dont ont été l’objet les énergies fossiles, insistant que soit localement développée la fabrication d’un maximum d’inputs utilisés dans le renouvelable. Parmi les facteurs clés de succès identifiés pour mettre en œuvre cette stratégie, l’invité les a résumés par la gouvernance et la régulation. Pour lui, il est important de multiplier la création de nouvelles entreprises, « de toutes les tailles », pour générer de la richesse et renforcer, ainsi, les quelque 1,2 millions en activité. Les autres aspects que le professeur Benmihoub met en avant sont ceux relatifs au climat des affaires et des investissements, qu’il appelle à débureaucratiser. Il insiste, d’autre part, sur l’impératif de réintroduire le climat de marché qu’il considère comme l’un des éléments de la régulation. Ce n’est pas à l’administration, considère-t-il, d’allouer la commande publique ou bien de décider qui doit, ou non, en bénéficier.

Réforme des droits de la propriété
S’opposant, par ailleurs, à l’idée de privatiser, à tout va, les entreprises publiques, le professeur Benmihoub a observé que chaque fois qu’on a réorganisé pour, in fine, voir se reproduire les mêmes schémas. Il relève que le budget de l’État ne peut plus faire face aux défaillances de ces dernières, d’où l’importance d’engager des actions pour les réformer ou bien faire cesser leurs activités.
« C’est pourquoi il faut faire la réforme du secteur public, et les droits de propriété ». « Un état propriétaire doit se comporter comme un propriétaire de l’entreprise, c’est-à-dire il intervient par le haut du bilan et non pas par la subvention qui produit, car cette dernière produit la perversion », explique-t-il. Cependant l’hôte de la chaîne 3 a insisté sur l’obligation de régler la question des droit de la propriété proposant la création d’une agence des participations de l’état, qui fonctionne comme une unité, comportant des règles claires, « si une entreprise doit disparaître, elle doit disparaître ; c’est ça l’économie productive » ajouta-t-il.
Sur un autre volet, le ministre délégué chargé de la Prospective a déclaré, hier sur les ondes de la radio nationale, que « sur les 25 dernières années, et selon un calcul fait par lui-même 250 milliards de dollars ont été alloués au secteur public marchant », regrettant le résultat de ces entreprises décapitalisées, invitant le Gouvernement à arrêter ce schéma et de réfléchir autrement, en mettant une gérance dans le cadre d’un contrat de performance.

La sécurité alimentaire et énergétique et le capital humain
En outre, le même responsable a précisé que le plan de croissance 2024 va permettre de s’adosser sur certains secteurs qui ont prouvé leur efficacité comme l’agriculture, les services… indiquant, pour ce qui est de l’agriculture que ce secteur fait partie des leviers de croissance, notamment l’agriculture, saharienne, mais il faut aller au-delà de la production agricole. il faut mettre en relation l’agriculture avec la transformation et l’industrie agroalimentaire en mettant des chaînes de valeurs pour valoriser les produits agricoles et conserver, les excès de production. Du coup, il signala qu’afin de réaliser la croissance espérée, son département travaille sur trois enjeux décisifs pour l’Algérie « la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, le capitale humain et la jeunesse».
Par ailleurs, et en attentant la croissance soutenu en 2022, qui va permettre d’élargir l’assiette fiscale ; le ministre affirme qu’il faut se concentrer sur la rationalité des dépenses publiques, et les reformes notamment dans le secteur du financement, signalant que les recette fiscales en 2020- 2021ont été amputées, du coup il faut agir maintenant sur deux facteurs : augmenter le rendement fiscal, et la reforme fiscale et financière en réfléchissant à éliminer les niches qui n’ont pas un impact sur l’économie. Précisant, à la fin que sans réforme de la gouvernance, le plan de relance n’aura pas beaucoup de chance de réussir, «  la gouvernance c’est la liberté d’entreprendre, climat d’investissement sein et favorable a tout le monde, transparence dans l’allocation des ressources publiques et l’évaluation, et tout cela doit et peut se faire grâce à la numérisation, qui aide dans la transparence » conclut le professeur Mohamed Chérif Benmihoub.
Sarah Oubraham

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