Accueil MONDE Open Arms : Solution diplomatique mais blocage politique pour les migrants

Open Arms : Solution diplomatique mais blocage politique pour les migrants

0

Six pays de l’UE sont prêts à accueillir une partie des quelque 147 migrants embarqués sur le navire humanitaire de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms, toujours bloqué jeudi soir devant l’île italienne de Lampedusa, même si l’autorité de Matteo Salvini, tenant d’une ligne dure envers les migrants, est contestée à Rome.

«La France, l’Allemagne, la Roumanie, le Portugal, l’Espagne et le Luxembourg viennent à peine de m’indiquer qu’il sont prêts à recevoir des migrants», a annoncé jeudi le Premier ministre italien Giuseppe Conte dans une lettre ouverte adressée à M. Salvini, l’omniprésent ministre italien de l’Intérieur. Le Portugal a indiqué être prêt à accueillir dix personnes. L’accord ne concerne cependant pas les 356 migrants secourus par l’Ocean Viking, le navire de SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF), qui navigue au ralenti à mi-chemin entre Malte et Lampedusa, interdit de s’approcher des eaux territoriales de l’une comme de l’autre. «Encore une fois, mes homologues européens nous tendent la main», s’est félicité M. Conte à propos de l’Open Arms, en attaquant frontalement M. Salvini, qui réclame depuis une semaine sa destitution et des élections dès octobre. Critiquant une «concentration obsessionnelle» de M. Salvini sur le thème de l’immigration «réduite à la formule «ports fermés»», M. Conte a accusé son vice-Premier ministre de «collaboration déloyale». Le chef du gouvernement italien a précisé qu’il s’était battu au côté de son ministre pour «un mécanisme européen» qui serait «presque automatique» pour répartir au sein de l’UE les migrants secourus en mer, alors que les pays en première ligne comme l’Italie, la Grèce et l’Espagne dénoncent depuis des années l’indifférence de leurs voisins. «Mon obsession est de combattre tous les types de délit, y compris l’immigration clandestine. Je suis ministre pour défendre les frontières, la sécurité, l’honneur, la dignité de mon pays», lui a rétorqué par écrit M. Salvini. «Avec moi les ports sont et resteront fermés aux trafiquants et à leurs complices étrangers», a insisté le ministre italien. «Et il est clair que sans cette fermeté, l’Union européenne n’aurait jamais levé un petit doigt, laissant l’Italie et les Italiens seuls».

5e évacuation
Le pouvoir de Matteo Salvini, chef de La Ligue (extrême droite) et vice-Premier ministre, se trouve néanmoins affaibli depuis qu’il a fait voler en éclat le 8 août son alliance gouvernementale, formée depuis 14 mois avec le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, anti-système). Le sort du navire Open Arms en était l’illustration jeudi. Deux ministres issus du M5S, Elisabetta Trenta (Défense) et Danilo Toninelli (Transports), ont refusé jeudi de contresigner le dernier décret interdisant les eaux italiennes à l’Open Arms, édicté par M. Salvini après la suspension mercredi un tribunal administratif d’un premier décret siminaire. Sans leurs deux signatures, le décret de M. Salvini est sans effet. «La politique ne peut jamais perdre de vue l’humanité», a expliqué Mme Trenta jeudi dans un communiqué, sans préciser pourquoi elle avait jusqu’à présent signé les décrets contre les navires d’ONG. Sur les réseaux sociaux qu’il affectionne, M. Salvini lui a vertement rétorqué: «humanité ne signifie pas aider les trafiquants et les ONG». «C’est grâce à ce concept présumé «d’humanité» que dans les années de gouvernement démocrate, l’Italie est devenue le camp de réfugiés de l’Europe», a-t-il asséné. M. Salvini est crédité de 36 à 38% d’intentions de vote et sa ligne dure sur les migrants clandestins est l’un des facteurs de cette popularité. Mais face à son instistance pour des élections au plus vite, un front politique semble en train de se former contre lui, par le biais inattendu d’une alliance entre son ex-partenaire M5S et le Parti démocrate (centre gauche). Piégée par cette crise politique, Proactiva Open Arms a assuré qu’elle n’envisageait pas d’accoster de force comme l’avait fait le Sea-Watch3 fin juin. Jeudi soir, l’ONG espagnole a annoncé sur les réseaux sociaux que cinq personnes ayant besoin de soins psychologiques, ainsi que leurs proches (4 selon les médias italiens), avaient été évacués vers Lampedusa. «C’est la 5e évacuation d’urgence en 14 jours. Qu’est-ce qu’ils attendent pour autoriser tout le monde à descendre, que l’urgence médicale devienne insoutenable ? Quelle cruauté», a commenté l’ONG.

Article précédentGuelma : Recensement des victimes des incendies à Nechmaya pour indemnisation
Article suivantBiskra : Le jeu traditionnel «sig» meuble à nouveau le quotidien des habitants des Ziban