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Note conjoncturelle de la Banque d’Algérie : Loukal évoque une situation financière «fragile»

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Trois ans après le début de la chute des prix du pétrole, l’Algérie tente bien que mal à équilibrer la situation économique. Mais hélas, les mesures prises par le gouvernement pour faire face au choc pétrolier tardent à donner les résultats escomptés. Aujourd’hui, le constat est inquiétant.

La situation économique du pays est vulnérable, et la confirmation vient de la plus haute institution financière du pays, en l’occurrence la Banque
d’ Algérie. Exposant à l’APN, la « fragilité » de la situation économique du pays au cours des 9 premiers mois de 2016 le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal, s’est montré, cependant serein, en affirmant que la situation financière extérieure demeure solide. Mais les chiffres qui sont communiqués par le gouverneur sèment le doute. Le PIB a enregistré une croissance de 3,7% à la fin du premier semestre 2016 poursuivant la même tendance de 2015 par une poursuite de la croissance hors hydrocarbures de l’ordre de 4,5% et une croissance du secteur des hydrocarbures de 1,6%. La forte dépendance de l’activité commerciale à la dépense publique constitue à ce titre un facteur important de la fragilité de l’économie nationale, a affirmé Loukal, qui a souligné « l’impératif de la diversification économique », précisant que le nouveau modèle de croissance économique adopté par les autorités publiques s’inscrivait dans cette optique.
Concernant la situation de la balance des paiements durant les neuf premiers mois de 2016, M. Loukal a indiqué que la forte baisse de la moyenne des prix du pétrole -qui est passé de 100,2 usd/baril en 2014 à 53,1 usd en 2015 (-47,1%)- a entraîné une contraction des recettes des exportations des hydrocarbures de 19,4 milliards de dollars sur la base d’une moyenne des prix du pétrole durant la même période ayant atteint 42,69 dollars, sachant que le volume des exportations a enregistré une hausse de l’ordre de 8,1 % par rapport aux neuf premiers mois de 2015. Le volume des recettes a atteint 20,38 milliards de dollars au cours des neufs premiers mois de 2016, tandis que celui des importations a atteint 37,20 milliards de dollars (-2,99 milliards de dollars par rapport à la même période de 2015). Ainsi, un déficit de l’ordre de 16,82 milliards de dollars a été enregistré pour la balance commerciale, 22,24 milliards de dollars pour le compte courant et 21,42 milliards de dollars pour la balance des paiements. D’autre part, les réserves de change ont baissé de 144 milliards USD à fin décembre 2015, à 121.9 mds USD à fin septembre 2016, puis à 114.1 milliards USD à fin décembre 2016.
Ainsi, les réserves de change ont reculé, en 2016, de 29.9 mds USD, dont 25.6 mds USD ont été déboursés dans les flux, tandis que 4.3 mds USD ont été dépensés pour la reconversion des autres devises en dollars. Pour ce qui est du taux de change du dinar vis-à-vis des principales devises, une baisse de l’ordre de 2.94 % de la valeur du dinar a été enregistrée par rapport au dollar et de 4.64 % par rapport à l’Euro au cours du 1er semestre de 2016. En dépit de cette stabilisation, il n’en demeure pas moins que le dinar a perdu 20% de sa valeur en 2015. Ces chiffres ne font que témoigner de la fragilité de la situation économique. L’Algérie serait-elle dans le rouge, tel que les spécialistes ont à maintes reprises alerté ? Même si le rapport de la Banque d’Algérie a apporté quelques bonnes nouvelles, telles que la hausse des crédits destinés à l’économie de 14,80%, il n’en demeure pas moins que l’année 2017 est cruciale, pour l’Algérie. Ayant engagé depuis la chute des prix du pétrole une réforme en profondeur pour le salut de tout le pays, il semblerait que celle-ci tarde à se concrétiser sur le terrain.
En effet, il est évident que la dépendance aux hydrocarbures demeure importante au regard des chiffres fournis par le gouverneur de la Banque d’Algérie. En d’autres termes, l’année 2017 risque d’être agitée pour l’économie. Avec la chute des cours du pétrole de façon durable, le gouvernement devra revoir sa politique.
Or, la question qui se pose avec acuité est jusqu’à quand les cours du pétrole vont chuter ? Même si certains ont tablé sur un redressement en ce début d’année 2017, les prix demeurent bas au regard des dépenses publiques qui sont toujours élevées. Si pour le moment le gouvernement tente d’apaiser les inquiétudes réelles de la population, en prévoyant une hausse des prix des hydrocarbures en 2017, il est évident que l’ère du baril du pétrole à 100 dollars est bien révolue ! Que faire pour changer la donne ? Tel est le dilemme auquel est confrontée la classe politique dans les mois à suivre.
Lamia Boufassa

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