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L’INDÉPENDANCE DES JUGES, LES AFFAIRES DE CORRUPTION, LES NOMINATIONS DANS LE SECTEUR… Le PDT du Syndicat des magistrats dit tout

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Le nouveau président du Syndicat national des magistrats (SNM) est revenu, hier, dans un entretien accordé au journal arabophone El Khabar, sur plusieurs questions sensibles auxquelles la justice est confrontée depuis le déclenchement du mouvement populaire pacifique. L’indépendance de la justice, les nominations dans le secteur, les affaires de corruption, les prérogatives de la Cour des comptes … sont autant de sujets auxquels Issaâd Mabrouk a eu à répondre.

D’emblée, Issaâd Mabrouk a critiqué la mise à l’écart du procureur de la République du tribunal de Sidi M’Hamed El Bey Khaled et le procureur général près la Cour d’Alger Khatir Benaïssa, remplacés respectivement par Fayçal Bendassa et Belkacem Zeghmati. Bien qu’il considère que Zeghmati possède toutes les compétences et le charisme pour traiter les grands et complexes dossiers, le SG du SNM s’est interrogé sur les raisons derrière ce retour. « Il   n’y a aucune gêne à son retour, mais si ce retour rentre dans le cadre du repositionnement des ailes du pouvoir, ça sera une humiliation à sa personne et à la justice », a-t-il dit.
S’étalant davantage sur les nominations, l’ex-président de la chambre pénale près la Cour de Béjaïa a indiqué que celles-ci « témoignent de la fragilité des juges en Algérie », et ce, « en raison de la domination du pouvoir exécutif qui nomme, démet, mute, promeut et sanctionne les juges ».
Toutefois, il s’est attaqué à la mise à l’écart des deux concernés. « Il est illogique et immoral que le procureur de la République et le procureur général apprennent la nouvelle de leur fin de fonction par téléphone, alors qu’ils étaient occupés à auditionner et à interroger deux anciens Premiers ministres et cinq ex-ministres », a-t-il déclaré. Selon ses dires, « cela incite à beaucoup d’interrogations sur la raison, la méthode, le moment et la partie qui est derrière cela et ajoute aux doutes sur la croyance en la justice indépendante ».
Par ailleurs, le président du SNM a estimé que la Haute Cour de l’État, instituée par l’article 158 de la Constitution, n’est qu’un simple décor pour « le prestige et pour leurrer les naïfs ». Il a rappelé que cette juridiction, chargée de juger le président de la République pour des actes de « haute trahison » et le Premier ministre pour « crimes et délits», « commis dans l’exercice de leurs fonctions », n’a jamais été installée depuis son institution en 2016. Il a précisé que les deux anciens Premiers ministres Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia sont poursuivis actuellement en application de l’article 573 du code de procédure pénale qui autorise les actes de justice contre les membres du gouvernement.
Sur un autre sillage, le SG du SNM a encore une fois tenu à affirmer que les juges ne subissent aucune pression pour ouvrir les dossiers de corruption.
« Il n’y a aucune instruction à ce sujet, malgré l’existence de beaucoup de rumeurs. Le syndicat a contacté les collègues chargés de ces dossiers de corruption. Ces derniers nous ont assuré que les choses se déroulent normalement », a-t-il dit, en indiquant que le Syndicat suit «  de près la situation et si il découvre quoi que ce soit, il le dénoncera quoi qu’il en soit ». Cependant, il n’a pas écarté l’existence « des ordres par téléphone ».
En ce sens, il a déclaré que : « Cette histoire de téléphone n’est pas propre à la justice. C’est une méthode usée dans la gestion des affaires publiques dans tous les domaines ». Néanmoins, il a considéré que «  la valeur de la justice fait que toutes les formes d’instruction soient refusées ». En ce qui concerne les sorties des magistrats au début du mouvement populaire et pacifique, le SG du SNM a exprimé ses réserves, en indiquant que ces derniers doivent faire preuve de neutralité.
Lamia Boufassa

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