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Le président du COA, Mustapha Berraf, au « Forum du Courrier d’Algérie » : «La violence a touché tous les sports»

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Ancien basketteur international, pendant 15 ans en équipe nationale, actuellement président du Comité olympique algérien, Mustapha Berraf était tout indiqué pour le «Forum du Courrier d’Algérie» d’hier, qui intervenait à un moment critique où le sport algérien, après avoir touché le fond, verse dans la violence et la brutalité.

Le fléau ne touche pas le football uniquement, mais, de l’avis même de Berraf, tout le sport national, et exige des explications comme il exige d’engager une réflexion profonde au plus haut niveau des instances sportives et gouvernementales pour endiguer le fléau à la source.
Avant de se prêter au jeu des questions-réponses avec les journalistes invités, Berraf a bien pris le soin de ne pas faire l’incongru : manque de tact envers les victimes du crash d’avion ; une minute de silence a été observée et Berraf pouvait continuer à parler des préparatifs faits par l’Algérie pour les XVIIIe Jeux méditerranéens de Tarragone, en Espagne, de juin-juillet 2018.
Organisés par le Comité International des Jeux méditerranéens, les Jeux de Tarragone auront lieu du 22 juin au 1 juillet 2018 et accueilleront 33 disciplines sportives, 4000 sportifs de 26 nationalités différentes, 1000 juges et représentants internationaux, 1000 journalistes, 3500 bénévoles et plus de 150 000 spectateurs. Selon Berraf, «l’Algérie participera avec 770 athlètes, toutes disciplines sportives confondues, et 70 journalistes algériens ont été déjà accrédités pour couvrir l’évènement, et l’organisation de la participation, autant que les objectifs et la logistique qui doit y être alliée sont au point et les choses avancent de manière convenable». Côté technique, «le transport sera assuré par le partenaire traditionnel des sports algériens, Air Algérie, et pour l’habillement, c’est la marque «Célio» qui équipera les athlètes, pour la partie civil, et «JOMA » pour la partie équipement sportifs».
Berraf dit qu’il travaille en toute sérénité en étroite collaboration avec le nouveau ministre des Sports et avec les Fédérations ; ce qui a motivé la question sur son bras-de-fer avec l’ancien ministre El Hadi Ould Ali, qui a été tout de suite évoqué. Berraf a essayé de minimiser la portée des divergences qui ont été durant de longs mois, pourtant, étalées au grand jour : «C’est une question gênante pour moi, mais bon, je vais répondre. L’ex-ministre, on l’a toujours respecté, et même s’il est parti, on continuera de le respecter ; c’est un Algérien et nous lui devons le respect, qu’il soit ministre ou qu’il ne le soit plus. Maintenant pour parler du conflit que vous évoquez, je vous dis qu’il n’a pas son origine chez nous ; nous avons toujours appelé à la raison et au dialogue et vous avez certainement vu les différentes entreprises que nous avions menées, mais qui, malheureusement ont échouées. Je pense que la question est à poser à la personne qui a provoqué le conflit non à celle qui l’a subit. J’espère que c’est là une histoire à enterrer définitivement pour avancer, parce que dans le même temps, les autres pays avancent et il nous faut avancer, parce que le sport est devenu un vecteur de développement social et d’intégration ; les grandes nations l’ont compris et se préparent pour les grands rendez-vous sportifs et les grands défis. Il est temps pour nous de faire la même chose».
Berraf dit rechercher toujours la négociation, le compromis et la discussion, parce que «les divergences existent, mais il faut leur opposer le bon sens». Berraf dit avoir souvent arbitré des conflits pour concilier les deux parties sportives et apaiser les tensions existantes. Preuve de l’inanité des entêtements inutiles « ce club, dont je tairais le nom, et qui n’a pas daigné régler 200 millions à un joueur, s’est vu infliger une amende de 2 milliards par le TAS (Tribunal arbitral des sports, ndlr)».
Avec le nouveau ministre, «les relations sont mutuellement respectueuses», car il ne peut y être autrement avec «ce haut fonctionnaire de l’État qui a les aptitudes et l’expérience pour donner un nouveau souffle au sport national».
Concernant le retard constaté pour l’envoi de la liste nominative aux Jeux olympiques de Taragone, Berraf dévoile cette information, qui a éclaté comme une bombe. Le président du Comité olympique algérien répond à ce comportement qui peut s’apparenter à une conspiration contre lui, sans donner l’impression d’en faire cas: «Il y avait eu des instructions à certaines Fédérations pour ne pas donner leurs listes. Ces instructions étaient dans l’erreur. Vous savez que tout ce qui est construit sur du faux est immanquablement faux. Les lois sont claires sur le sujet et les accréditations se font par le Comité olympique algérien en Algérie. Ces lois sont applicables pour tous ; mais je pense qu’aujourd’hui, les choses sont rentrées dans l’ordre ».
La plus grande partie des journalistes-intervenants a axé ses questions sur le fléau qui touche le football en ce moment : la violence. Les deux matchs joués le vendredi 13 avril, JSK-MCA, pour le compte des demi-finales de la coupe d’Algérie, et MCO-CRB pour le compte du match retard de la Ligue 1 Mobilis, ont fait plus de 70 blessés dans les deux stades, et les Algériens ont été choqué de voir de leurs propres yeux des scènes de barbarie inimaginables. Berraf a été on ne peut plus agressif sur ce sujet : «Ce sont des voyous, des bandits, leur place est devant le procureur !». Pour lui, la violence récurrente dans les stades appelle à «engager immédiatement une réflexion en haut lieu et des mesures d’urgence», bien que ses effets immédiats «dépassent les instances sportives et relèvent directement du procureur». Il reconnait toutefois qu’il y a «une portée sociale et sportive qu’il faut étudier pour endiguer le fléau».
Dans son propos, Berraf incrimine aussi les responsables de clubs, «qui, par leurs appels, mettent sous tension et le club et les supporters et électrisent les foules, alors que c’est un sport, une éducation, un civisme à promouvoir ». Les choses commencent à devenir très graves, car «la violence a dépassé le seul football pour commencer à toucher pratiquement tous les autres sports». Le contexte exige de prendre des mesures concrètes, et de citer le cas de la Hollande et de la France qui étaient arrivés à un point de ficher les hooligans et de convoquer les supporters les plus dangereux chez les procureurs les jours des matchs », car effectivement, «certains jeunes ont leur place en prison et pas dans les gradins». Dans sa colère contre ces «brigands », Berraf a même inventé un mot qui n’existe pas dans la langue française en parlant d’endiguer le «brigandisme».
O. F.

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