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LE FRONT POLISARIO : « Pour des négociations sur la seule base du droit à l’autodétermination »

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La résolution 2795 (2025), adoptée vendredi, par le Conseil de sécurité, prolongeant d’un an le mandat de la MINURSO, est loin d’apaiser les tensions autour de la dernière colonie d’Afrique. Sous des apparences diplomatiques de continuité, ce texte entérine en réalité un immobilisme inquiétant, perçu à Bir Lehlou comme une complaisance politique envers l’occupation marocaine.
En prorogeant une mission qui, depuis 1991, n’a toujours pas organisé le référendum d’autodétermination promis au peuple sahraoui, le Conseil de sécurité donne l’image d’une institution paralysée, prisonnière des calculs géopolitiques de ses membres permanents. En réaction, le Front Polisario, représentant légitime et unique du peuple sahraoui, a dénoncé, dans un communiqué, le caractère « dangereux et sans précédent » de certains passages du texte. Selon lui, la résolution s’écarte gravement de la base juridique qui fonde le processus de paix onusien, à savoir la reconnaissance du Sahara occidental comme un territoire non autonome relevant du droit à la décolonisation.
Le mouvement sahraoui accuse le Conseil de sécurité d’avoir cédé aux pressions de puissances soutenant la position expansionniste du Maroc, notamment celles qui ont un intérêt stratégique et économique dans la région. En évitant toute mention explicite du référendum, le Conseil ouvre la voie à une « normalisation politique » de l’occupation, ce qui reviendrait à légitimer de facto une annexion contraire au droit international.
Le Polisario rappelle avoir soumis le 20 octobre dernier une proposition élargie au Secrétaire général de l’ONU, confirmant sa disposition à engager des négociations directes avec le Maroc sur la base du droit à l’autodétermination. Mais il refuse catégoriquement toute démarche qui viserait à « priver le peuple sahraoui de sa souveraineté sur son territoire ».

Un peuple colonisé et un État occupant
En appelant les deux parties à reprendre les discussions « sans conditions préalables », le Conseil de sécurité feint d’ignorer l’asymétrie fondamentale entre un peuple colonisé et un État occupant.
Cette formulation, apparemment neutre, revient à placer sur un pied d’égalité le Maroc — puissance militaire qui contrôle illégalement une grande partie du territoire — et le peuple sahraoui, dont les droits fondamentaux sont bafoués depuis près d’un demi-siècle. L’absence de mention explicite d’un mécanisme de suivi des violations des droits humains par la MINURSO est un autre angle mort criant. Il s’agit de la seule mission de maintien de la paix au monde dépourvue d’un mandat en matière de droits humains, un vide qui profite à l’impunité des forces d’occupation. Dans les camps de réfugiés et les territoires occupés, la lassitude se mêle à la colère. La prolongation du mandat de la MINURSO sans perspective concrète de référendum est perçue comme une trahison supplémentaire.
Ces dernières semaines, des manifestations ont éclaté à Bir Lehlou, Tindouf, Madrid et Paris, où la diaspora sahraouie a dénoncé la duplicité de la communauté internationale et exigé la fin du silence complice des grandes puissances. Les jeunes Sahraouis, qui n’ont connu que l’exil ou la répression, expriment de plus en plus ouvertement leur méfiance à l’égard du processus onusien.
Pour eux, la paix ne peut être bâtie sur le déni du droit, encore moins sur le sacrifice du principe de souveraineté populaire. Le Front Polisario prévient que les approches unilatérales cherchant à « sacrifier la justice pour des opportunités politiques à court terme » ne feront qu’aggraver la situation. La stagnation actuelle, où la diplomatie sert de paravent à l’inaction, risque de relancer les tensions armées dans une région déjà fragile.
En continuant de temporiser, le Conseil de sécurité alimente le ressentiment d’un peuple qui attend depuis 50 ans que l’ONU tienne sa promesse.
Loin d’apporter la stabilité, la résolution 2795 (2025) risque au contraire de consolider le statu quo colonial et d’éroder la crédibilité des Nations unies dans leur mission première : garantir la justice et le droit à la liberté des peuples. La République sahraouie, quant à elle, réaffirme que seule l’application pleine et entière du droit à l’autodétermination permettra de tourner la page de la colonisation. Tant que ce principe restera lettre morte, la paix dans le Sahara occidental ne sera qu’un mirage diplomatique entretenu par ceux qui ont intérêt à ce que rien ne change.
M. Seghilani

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