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Le costume de champions pour nos Olympiques ?

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Quatre-vingt-dix minutes de pur bonheur. Une heure et demie encore de patience et les portes de la gloire qui s’ouvrent pour un onze dont la particularité est d’avoir décidé de se révéler à l’Afrique. En jouant comme des grands dans la cour des grands du continent.
Une belle récompense l’attend au bout d’un parcours remarquable: ni plus ni moins que la plus prestigieuse récompense de la catégorie. La tendance veut qu’ils en soient capables. Qu’on peut compter sur eux pour se faire plaisir et nous régaler. De tout cœur avec vous.

Parés au défi !
Ils l’ont promis (ils étaient combien au départ, en fait, à leur accorder la moindre attention et encore moins la moindre petite chance de survivre à un 1er tour d’enfer, quand on sait les noms ronflants qui le composaient ?), ils l’ont (un joli clin d’œil à tous ceux qui leur ont fait confiance et accompagnés dans cette belle aventure, une campagne sénégalaise aux allures d’exploit et il est là, à portée de fusil maintenant que le billet menant au Brésil et les J.O 2016 est bel et bien dans la poche, le trophée n’est plus qu’à une petite heure et demie d’Alger et plus que jamais possible) fait. Magistralement. Les petits «Verts», en plus de réaliser leur objectif de départ et par là même le rêve des Algériens, notamment les férus de football, lassés par trois décennies et demie de disette et raclées ininterrompues, de retrouver l’élite du sport universel, ont fait d’une pierre plusieurs coups. Fait mouche et titillé notre égo. Lavé nombre d’affronts en s’imposant désormais parmi les ténors de la balle ronde africaine par la belle lucarne d’une phase finale de CAN jamais évidente en raison d’une adversité féroce, d’une concurrence impitoyable au vu des talents dépêchés sur place par de prestigieuses écoles alimentant par fournées entières en stars en herbe les championnats européens les plus relevés. Mission donc accomplie au-delà de toute espérance. On leur demandait (sans trop de conviction, d’où l’incomparable goût que cela procure) un sésame pour Rio. Ils ont fait plus en assurant (en attendant mieux, le titre suprême par exemple) d’ores et déjà un statut de vice-champion qui n’est pas à la portée de n’importe qui, les postulants aux premières loges ne manquant pas dans un continent noir toujours aussi généreux en artistes du ballon rond et se révélant au reste du monde par ces fenêtres uniques que sont les grands rendez-vous de jeunes. Ils sont partis au pays de La Teranga sans faire trop de bruit. Presque sur la pointe des pieds. Pour ne pas déranger les convictions arrêtées de très longue date des algéro-pessimistes qui en ont maintenant pour leurs frais en recevant la plus belle des leçons de courage et de ténacité. De volonté et de solidarité tout simplement, les qualités techniques étalées au grand jour faisant (et comment !) le reste. La différence. On craignait pour eux en ouverture du tournoi contre l’Egypte. Bien que menés au score, les poulains du très avisé et rusé coach Shurmann ont su réagir et puisé dans leurs ressources pour rétablir l’équilibre à la marque et assurer (se rassurer également) en décrochant le point du nul qui les mènera finalement loin. Leur donnera des ailes. Tellement d’assurance qu’ils renverseront carrément un des super favoris de l’édition, le Mali, qu’ils renverront refaire ses classes dans une forte opposition qu’ils remporteront (un 2-0 net et sans bavure) haut la main. Avec l’art et la manière, tout dans l’évolution des Boukhemassa et ses camarades confirmant, déjà, que le groupe avait les qualités pour ne craindre personne. Aller loin. Au bout d’un « miracle » annoncé. Qu’une équipe prenait naissance.

Le Nigeria, ils connaissent…
Une sélection prometteuse aux multiples facettes. Possédant assez d’arguments pour faire face, honorer ses engagements. On le verra lors de leur troisième sortie contre les petits «Super Eagles» où ils feront preuve d’un métier rare, l’adversaire (qu’ils retrouvent sans surprise à l’arrivée de la compétition avec comme bonus l’opportunité rare de viser, ni plus ni moins, qu’une couronne qui semble leur ouvrir les bras, l’auguste dame tombant apparemment sous le charme des Abdellaoui, Ferhat, Chita et autres Salhi, Khenniche) pointant éternellement aux premiers rôles et trustant, grâce à un réservoir unique en termes de formation, les distinctions en catégories jeunes. Un Nigeria presque sans adversaire au niveau mondial. A l’arrivée, un nul blanc (0-0) contrastant particulièrement avec les habituelles nullités départageant les équipes calculatrices. Une partie intéressante à suivre et la confirmation que les petits «Verts» avaient grandi en trois matches. N’avaient plus peur de rien ni de personne. Que leur présence dans le carré d’as ne devait surtout pas, belles prestations en prime et reconnaissance unanime des nombreux observateurs et recruteurs étrangers sur place qui ont dû inscrire, au passage, quelques noms aux consonances bien algériennes sur leurs calepins, au hasard. Et ce n’est encore pas le fruit du simple hasard qu’ils ne se suffiront pas d’une présence en demi-finales (la mission était de ne pas se rater et ne pas épuiser un joker, en prenant une option définitive sur l’avion menant à la capitale brésilienne) en abordant leur rendez-vous avec l’histoire (avant bien sûr celui de ce soir où la route de la gloire leur est grande ouverte et il suffit seulement d’y croire en jouant comme ils l’ont fait jusque-là avec la précision de taille que la pression n’est plus, quoiqu’il arrivera, sur leurs épaules maintenant qu’ils repartiront à Alger avec la conviction du devoir accompli et méritent un accueil à la mesure de leur exploit) avec la sérénité que leur confère leur nouveau statut de finaliste et plus s’ils décidaient à nouveau de mettre à mal les pronostics, quand bien même cet ultime obstacle qu’ils connaissent sur le bout des doigts pour l’avoir admirablement neutralisé dans un duel où il y avait de la place pour une victoire sur laquelle personne n’aurait trouvé à redire tant les Draoui, Ferhani et autres Semahi, Benguit, Meziane, Salah ou Rebiai ont fait sensation. Fait tout simplement leur métier sans trop regarder sur le nom du vis-à-vis. En jouant sur leur propre valeur. Leur football.

Bien dans leur tête
Dans ce tournant historique dans leur carrière, nos petits «Combattant du Désert», qui se sont battus comme des grands, donnent l’impression que plus rien de grave ne peut leur arriver sinon de sortir les « armes » qui leur sont propres pour négocier au mieux cet ultime virage menant sur le toit d’Afrique. Ils auront, à l’occasion, à n’en plus douter,le soutien indéfectible du public algérien qui les remercie à l’avance pour la joie qu’ils lui ont procuré en ces temps difficiles pour un football algérien mis en demeure pour la énième fois de revoir ses plans et s’orienter vers de nouveaux projets porteurs, cette belle cuvée révélée en CAN U23 devant constituer le prétexte à une refondation que tout le monde appelle éternellement de ses vœux sans trop y croire malheureusement. Sans qu’on n’en fasse rien pour sortir la discipline de ses travers. Sans que ces mauvais génies qui la tiennent en otage ne soient débusqués. Ce soir, tous les regards des Algériens seront braqués sur Dakar et son stade principal, le «Léopold-Sedar Senghor.» Et cette prière que nos « Espoirs » (avec un E majuscule, car l’équipe n’a jamais aussi bien mérité cette appellation tellement galvaudée chez nous et constituant généralement le dernier des soucis de nos présidents de clubs qui ont là une occasion historique de se remettre en cause. Dakar, désormais une étape phare, un point de repère, où les Verts, plus que jamais en confiance et maîtres de leur destin, se présenteront dans le costume (ils en ont la taille, n’est-ce pas, sur ce qu’on a pu voir) de futur champion d’Afrique. Des Verts appelés à bien finir le boulot si superbement entamé en décrochant le droit de faire réintégrer le sport-roi national dans le concert olympique trente cinq longues années après une seule et unique virée du côté de Moscou et cette génération à l’origine de bien de nos satisfactions et qui, l’espoir en bandoulière, s’en ira, deux ans plus tard, au Mondial espagnol (1982) damer le pion à un des grands de l’époque et futur finaliste, l’Allemagne.
La comparaison s’impose-t-elle avant le choc d’aujourd’hui ? Laissons cette sélection se préparer à l’exploit (impossible n’est pas algérien ?) et nous revenir avec une couronne (on l’attend désespérément depuis 1990 et ce sacre d’Alger avec le seul et unique titre majeur inscrit en vert dans le livre d’or africain en inter-nations) qu’ils méritent pour l’ensemble de leur formidable parcours. Pour eux d’abord.
Le reste ? On retiendra qu’ils n’ont pas faillit à leur promesse en compostant leur billet pour les J.O. C’est-à-dire ce pourquoi ils ont fait le déplacement du Sénégal où personne ne leur a fait de cadeau. Un parcours qu’ils doivent à leur seul mérite. Le mérite d’y avoir cru. Le mérite de s’être battu pour. Le mérite d’hériter de la possibilité de revenir au pays avec le statut de N°1 africain. Une belle leçon à méditer. Du côté des responsables de notre ballon-rond qu’une bande de jeunes partis dans l’anonymat presque complet rappellent à leurs responsabilités (jamais assumées d’ailleurs) de «jouer» le long terme. D’investir enfin dans l’atout jeunes. On en reparlera bien sûr une fois que Shurmann et ses joueurs rejoindront le bercail avec, on le leur souhaite, cette consécration qui ne tient plus qu’à 90 petites minutes qu’il faudra savoir gérer. Comme ils ont su le faire avant ce dernier cap menant au Graal.
Par Azouaou Aghiles

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