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LE BLOCAGE DES ROUTES MENACE LA VIE PUBLIQUE ET CITOYENNE : Où est l’autorité de l’État ?

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Le phénomène consistant à procéder à la fermeture de routes, voire d’axes autoroutiers, comme ont en a vu un peu partout à travers le pays, porte le risque, si les autorités publiques continuent à croiser les bras, d’atteinte à la sécurité des personnes et à celle de l’État dans ses démembrements. Les moyens pacifiques existent pour revendiquer l’accès à l’eau potable, le gaz, le logement… etc. mais lorsque cela tourne à l’anarchie et à la violence, rien alors ne peut justifier l’acte.

En effet, ces derniers jours des citoyens en colère sortent dans la rue, investissent la voie publique et procèdent à la fermeture de tronçons routiers et autoroutiers. C’est un phénomène en vogue qui prend un ascendant dangereux sur la vie publique en général et sur celle des usagers de la route et des citoyens en particulier. Pourtant, face à cet état de fait, la représentation de l’État s’est effacée et assiste de loin à une menace publique sans bouger le petit doigt. Ce phénomène consistant à fermer une route n’arrange ni les affaires de la cité, ni publiques et encore moins les protestataires eux-mêmes.
Que ce soit dans le nord du pays ou dans le sud, l’image est saisissante : des routes fermées à la circulation, chemins de fer barricadés, pneus en flammes, des embouteillages formés sur des kilomètres, des altercations entre protestataires et forces de l’ordre, des échanges fougueux entre usagers de la route, des agressions sur automobilistes et services de taxis…Peut-on justifier une telle «anarchie organisée» sous le motif de revendiquer ses droits sociaux ? De telles actions de protestation, lorsqu’elles dépassent le cadre de la loi, risquent alors de se retourner contre leurs auteurs.
Que des citoyens crient leur colère pour pénurie ou interruption d’approvisionnement en eau potable, comme on en a connu en cette période de l’été, sur des coupures répétitives d’électricité, des logements qui tardent à venir, des chaussées en mauvaise état…la violence dans l’action, lorsque surtout elle porte atteinte à la vie publique et donc à autrui, n’est pas justifiée. Imaginons un peu les conséquences sur les usagers quotidiens de la route : des milliers d’automobilistes sont bloqués sur la route pendant des heures sans jamais arriver à destination.

Les automobilistes pris en otages
Plus que ça, la situation dégénère quand ces blocages de routes se perdurent ou quand l’action se produit sur des axes très utilisés, comme Tizi-Ouzu – Alger, ou encore Bouira – Alger, pour ne citer que des exemples immédiats. Devant l’impatience des voyageurs, des rixes se sont même produites avec les manifestants. Ces derniers temps, ces actions phénoménales deviennent de plus en plus fréquentes, à telle enseigne que l’on ne compte plus les incidents générés. Fermer la voie publique aux yeux des protestataires, semble le «seul moyen» dont ils disposent pour se faire écouter auprès des responsables. Mais ces problèmes, à l’opposé, causent d’énormes désagréments pour d’autres citoyens qui n’ont absolument rien à voir avec la dégradation de vie de leurs concitoyens.
Le scénario, le dernier en date, à avoir marqué la vie nationale, est la fermeture d’un tronçon de l’autoroute Est-Ouest traversant la région de Lakhdaria (Bouira) par des citoyens, la veille (et même après) de la fête d’Aïd El-Adha. Il s’agit de protester contre le manque criard en eau potable qu’ils endurent depuis plusieurs mois. Les protestataires, des jeunes pour la plupart, ont mis des barricades (pierres et troncs d’arbres notamment) sur la voie autoroutière causant un énorme embouteillage. Ce qui a amené les éléments de la Gendarmerie nationale à intervenir pour rouvrir le tronçon autoroutier aux automobilistes, pris ainsi en otage deux heures durant. Le comble c’est que cette action s’est répétée à maintes reprises, lorsqu’encore les sièges de l’ADE et de la daïra de Lakhdaria ont été bloqués. Alimentée à partir du barrage de Koudiet — Acerdoune – qui approvisionne aussi Médéa, Boumerdès, Tizi-Ouzou et Alger -, la ville de Lakhdaria endure le calvaire du manque d’eau potable depuis plusieurs mois, notamment dans sa partie haute où plusieurs points noirs ont été recensés par les services de l’ADE. Hier encore, les résidents du quartier Ouled-Bellil ont procédé à la fermeture de la RN 5 pour réclamer le réaménagement de leur agglomération qui souffre depuis les dernières années d’éboulements dangereux de terrain.

Le phénomène devient national
Dimanche dernier, à Tizi-Ouzou, des citoyens ont fermé plusieurs axes routiers à la circulation automobile pour réclamer le bitumage de routes, la réalisation du réseau d’assainissement et l’alimentation en eau potable, a-t-on appris auprès d’un de leurs représentants. D’où la formation d’un embouteillage énorme, obligeant les automobilistes à rebrousser chemin, à faire des détours de plusieurs kilomètres, pour atteindre leurs destinations respectives. À Oued-Aïssi, commune d’Irdjen, à l’Est de Tizi-Ouzou, la RN 12 devient infernale. Elle a été fermée au niveau de l’hôpital psychiatrique Fernane Hannafi, par des habitants du village Sikh Oumedour réclamant des logements. Les automobilistes venant du flanc Est de la wilaya ou de Béjaïa, se dirigeant vers la ville de Tizi-Ouzou ou Alger, ont été obligés de prendre la route de Tamda, dans la commune de Ouaguenoun, vite saturée à son tour. Dans la commune d’Aït Yahia- Moussa (25 Km au sud-ouest de Tizi-Ouzou), les habitants des villages Tifaou et Hellil ont procédé à la fermeture de la RN 25 menant vers Tizi-Ouzou, au niveau du chef-lieu de la commune.
À Constantine, wilaya qui a connu récemment une série de mouvement de protestation citoyenne, des dizaines d’habitants en colère ont fermé la RN 79 et la ligne du tramway passant à proximité de leur cité. Ils ont dénoncé l’absence de travaux d’aménagement extérieur depuis des années, en particulier le bitumage des accès vers des habitations qui comptent des centaines de familles. Ils s’inquiètent aussi des attributions arbitraires de logements sociaux, réclament l’achèvement des travaux des projets LPA exigent le lancement des travaux d’aménagement de certains quartiers et autres.
À M’sila, des habitants du village Sarek ont barré, lundi dernier, la route nationale N° 46 menant vers Biskra. Les protestataires revendiquent la réfection de la route et le raccordement au réseau d’électricité. À Ouargla, les habitants des communes de Djamâa, Sidi-Khellil et de M’ghaïer ont bloqué, le mois dernier, à l’aide de centaines de camions, semi-remorques transportant du carburant, des engins, des pipelines, des marchandises, fruits et légumes et des bus transportant des voyageurs, la RN3 dans les deux sens et réclamaent le lancement immédiat des travaux de dédoublement de cette route qui, selon eux, a fait beaucoup de victimes et ne cesse d’endeuiller des familles.
Cette escalade est survenue au lendemain de l’enterrement de quatre personnes, âgées de 30 à 40 ans, qui ont péri dimanche soir dans un accident de la circulation sur la ligne Sétif/Ouargla, au niveau de la RN3. À Bordj badji-Mokhtar, les habitants de plusieurs localités ont fermé des axes routiers pour dénoncer l’absence d’aménagement urbain et aussi l’absence de l’eau dans les robinets et les coupures d’électricité.
Hamid Mecheri

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