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Il a fait l’objet de fortes critiques, hier, à l’APN : Laksaci sur un siège éjectable

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C’est un véritable procès sans témoins, que celui réservé, hier, au gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, cloué au pilori par les députés de l’Assemblée nationale et accusé de «défaillance». Ayant intervenu devant le Parlement pour parler des évolutions monétaires et financières du pays entre 2014 et 2015, Laksaci a été virulemment critiqué, à tel point que certains parlementaires l’ont invité à claquer la porte.

Le premier responsable de la BA a fait une traversée du désert, pour ainsi dire, et risque de retrouver, encore aujourd’hui, le même état d’esprit et subir l’escalade des députés, à l’occasion de la deuxième séance de suite, consacrée aux débats autour de la situation de la trésorerie du pays. Fraichement rentrés des vacances, les représentants du Parlement en ont gros sur le cœur, visiblement. En tout cas, assez pour faire de l’argentier du pays l’ennemi à abattre. Quand bien même, gageons de le dire, que le recul des ressources publiques, tel que le représente le contexte d’aujourd’hui, appelle plus à l’action que de verser davantage dans un constat connu de tous. Ainsi, Laksaci a fait état d’un affaissement des recettes du Trésor public qui sont de l’ordre de 1 972,8 milliards de dinars, en recul de 40,4% (entre fin septembre 2014 et fin septembre 2015), résultat de la baisse du prix du pétrole algérien qui s’est établi, durant les premier mois de l’année dernière, à 55, 76 dollars le baril. à la tête de la Banque d’Algérie depuis une quinzaine d’années, Laksaci a porté sur le dos, lui seul, tout le poids des critiques acerbes des députés-parmi certaines questions celles qui ne relèvent pas de son portefeuille-, dès lors qu’aucun membre du gouvernement n’a été à «ses côtés», du moins aucun parmi eux ne s’était déplacé à l’hémicycle Zighoud Youcef, a-t-on constaté sur place. Non pas seulement, parce que, quelque part, comme entend le lui reprocher un bon nombre de représentants du Parlement, «a failli à sa mission», mais parce que aussi, il assiste impuissant au lieu de «présenter sa démission». C’est du moins là ce qui est à retenir des interventions des députés, toutes obédiences confondues, lors des débats qui en ont suivi la lecture du rapport financier de la Banque-mère. Considérant, grosso modo, de «vulnérable», l’évolution notamment de la situation financière et monétaire du pays, eu égard aux «chocs externes», conséquemment au flottement des marchés pétroliers mondiaux, ce qui est, du reste, une donne qui échappe au seul contrôle interne du pays, Laksaci a fait l’objet de critiques portant sur sa gestion des dossiers épineux qui relèvent, plus ou moins, de son domaine d’action. Ainsi, l’assainissement des marchés monétaires parallèles tel que le marché juteux du Square «Port Saïd», la modernisation du système financier et monétaire, le financement de l’investissement, le crédit à la consommation, la décadence du dinar…, sont autant de questions qui restent pendantes, comme l’a fait remarquer Lies Saâdi, élu du FLN. Du coup, c’est à nouveau le dossier de l’assainissement de l’informel qui s’invite au goût du jour.
Sachant que le même député a interpellé le premier responsable du secteur bancaire à ce sujet. Il s’agit pour lui de connaître l’état des lieux concernant l’intégration du circuit formel qu’entend l’opération de bancarisation de l’argent, la régularisation du marché monétaire parallèle et l’ouverture des bureaux de change au niveau des agences bancaires. Intervenant sur une autre question, Saâdi accuse davantage le gouverneur de la BA de manquer de communiquer sur les données actuelles des montants des réserves de change de l’Algérie, qui sont placés notamment aux États-Unis, à Londres…etc. Laksaci a tout aussi été saisi de la question de la dévaluation de la monnaie nationale, qui, faut-il le préciser, se fait parfois de manière volontaire à même de rétablir les équilibres financiers. à ce titre, faut-il rappeler que vendredi dernier, le dinar a fait une chute libre historique par rapport aux grandes monnaies étrangères. Selon la BA, un euro vaut 124,16 euros et 110,24 dollars USD. Sur cette question, le député islamiste Lakhdar Benkhellaf, accuse Laksaci d’avoir diminué de 50% la valeur de la monnaie nationale, ajoutant que cette mesure administrative volontaire, «a permis de fortifier la devise», a-t-il indiqué. En ces temps de vaches maigres, certains élus n’ont pas trouvé comme moyen d’engranger des fonds, que de solliciter le FMI (Fonds monétaire international), non pas de contracter des dettes auprès de cette institution financière, mais de «rembourser» les 5 milliards de dollars que l’Algérie lui a prêté en 2012. En tout état de cause, cette séance parlementaire a été plus un procès intenté contre le responsable bancaire qu’un débat placé dans l’ordre des choses.
Exception faite à certains partis représentés à l’APN qui ont préféré ne pas «personnaliser» le problème, comme c’est le cas du député du PT, Ramdane Taâzibt, appelant plutôt à un débat général et ouvert sur la situation économico-financière du pays. Comme pour «achever la victime», un parlementaire de l’ex-parti unique, Sadaoui Slimane, lance tout bonnement dans la figure de Laksaci ceci : «aies le culot de déposer ta démission». Et pour cause, selon ce même élu, le fait qu’aucun ministre n’a été présent à cette séance est un signe, on ne peut plus clair, que Laksaci est en quelque sorte, …sur la sellette, a-t-il laissé entendre.
Farid Guellil

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