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Gladiator : la genèse du film qui a relancé la mode du péplum

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Démodé depuis la fin des années 1970, le péplum est revenu en force à Hollywood grâce au long-métrage de Ridley Scott réalisé en 2000. Histoire d’un joli coup de poker inattendu. Incontournables dans les salles obscures jusqu’à la fin des années 1970, les péplums ont progressivement disparu de l’affiche. Oubliées les grandes fresques antiques qui ont peu à peu lassé le public et qui avaient participé grandement à l’Âge d’Or d’Hollywood (Ben-Hur, Les Dix Commandements, Spartacus). Excepté quelques irréductibles (Tinto Brass qui signa Caligula en 1980, ou Desmond Davis qui réalisa Le Choc des Titans la même année), le genre a été remisé dans les placards des studios américains et européens pendant vingt ans, de la fin des années 70 à la fin des années 90. Ce fut donc une sacré surprise lorsque le projet Gladiator arriva à Hollywood. En effet, qui, à la fin des années 1990, aurait encore misé sur un genre jugé dépassé ? Et pourtant, le réalisateur Ridley Scott et le scénariste David Franzoni ont tenté le coup.

La naissance de Gladiator
C’est à David Franzoni que revient la paternité du projet Gladiator. Le scénariste a écrit la toute première version de l’histoire en se basant sur Ceux qui vont mourir, la nouvelle de Daniel P.Mannix. « Le film décrit l’Empire Romain tardif, et ce qui se passait dans les arènes à l’époque. C’était du lourd et si on regarde les ruines encore existantes, on sait que ce n’était pas juste une mode, c’était considérable. Donc ça a été ma première source d’inspiration pour écrire cette histoire. C’est resté dans un coin de ma tête. En réalité, lors d’une réunion pour Amistad, j’ai prévenu Walter Parkes et Laurie MacDonald que je reviendrai avec un scénario sur la Rome antique. Ça me trottait dans la tête depuis un moment », a confié le scénariste dans un entretien accordé en 2001 à la Writers Guild of America.
Cette idée qui a germé dans son esprit pendant des années, David Franzoni l’a améliorée peu à peu en s’inspirant notamment de l’Histoire Auguste, un livre en latin rassemblant les vies des empereurs romains. C’est dans ce bouquin qu’il découvre le destin de Commode, qui participe à des combats de gladiateurs au Colisée et qu’un esclave nommé Narcissus tue. Bingo. Il trouve enfin la trame centrale de son scénario. « C’était mon histoire : qui est Narcissus ? Il n’y avait aucun écrit historique sur lui, mais je savais qu’il serait le héros de mon scénario. Je savais que j’allais inventer sa vie », poursuit le scénariste.

A la rescousse
Ecrire un scénario, c’est bien. Arriver à le vendre alors que la mode du péplum est finie depuis longtemps, c’est encore mieux. Pourtant, ce projet à contre-courant de la tendance hollywoodienne de l’époque, trouve rapidement preneur. Dès les premières ébauches de son scénario, il décroche le feu vert de DreamWorks qui mise sur celui qui a marqué les esprits en travaillant sur Amistad. C’est d’ailleurs grâce à Spielberg (l’un des créateurs de DreamWorks avec Jeffrey Katzenberg et David Geffen) qu’il met vraiment en chantier son film. « Mon pitch pour Steven était étonnamment court. Il n’avait que trois questions basiques. Mon film de gladiateurs, c’est bien des combattants romains, pas américains, japonais ou autre chose ? J’ai répondu oui. L’action se passe au Colisée ? Oui. Des combats avec des épées et des animaux jusqu’à la mort ? Oui. Génial, faisons ce film », raconte David Franzoni.
Pour réaliser Gladiator, produit également par Universal Pictures et Scott Free Productions, les producteurs font appel à Ridley Scott. Attiré par le projet par une image (le tableau Pollice Verso de 1872 du peintre pompier Jean-Léon Gérôme), il se lance dans l’aventure alors que rien ne le prédestinait à faire un péplum. « J’ai coutume de dire que mon plan de carrière est que je n’en ai pas. Le plus important pour moi est de me surprendre et donc, par ricochet, de surprendre les autres. Croyez-moi, avant le succès de Gladiator, l’idée que je fasse un péplum en a rendu sceptique plus d’un », a-t-il confié à L’Express en 2008.

Le succès phénoménal
Malgré un scénario difficilement bouclé et modifié à plusieurs reprises, un tournage très éclaté et une post-production compliquée , le film est un gros succès, rapportant près de 458 millions de dollars dans le monde (187 millions aux Etats-Unis) et raflant de nombreux prix, dont cinq Oscars (notamment ceux du meilleur film et du meilleur acteur), deux Golden Globes (meilleur film dramatique et meilleur musique de film) ou encore cinq BAFTA Awards avec, entre autres, le prix du meilleur film.
Un plébiscite auquel personne ne s’attendait, entre le genre dépassé du film et l’accueil mitigé du projet dans la presse. Loin d’enthousiasmer les foules, Gladiator a suscité un flot de critiques lors de sa mise en chantier, notamment sur le choix de l’acteur principal : Russell Crowe. Prendre un comédien loin d’être une star pour porter un tel projet a fait passer Ridley Scott pour un fou. Ce dernier ne s’est pas laissé faire. Sa réplique : jouer la carte du secret et ne plus communiquer. Pas bête, le mystère fait parler et attise la curiosité. Une curiosité qui s’est encore exacerbée avec les arrivées de Hans Zimmer pour la musique, Joaquin Phoenix ou encore Connie Nielsen.
Comme toujours à Hollywood, lorsqu’un coup de poker marche, nombreux sont ceux qui s’engouffrent dans la brèche pour tenter leur chance. Sans grande surprise, le succès de Gladiator a donc donné des idées à pas mal de monde. Plus surprenant, loin d’être un début d’étincelle, l’oeuvre de Ridley Scott a réussi le pari fou de relancer la mode du péplum à Hollywood. « Ce film a montré ce qui pouvait être fait avec un usage intelligent des images de synthèse (le Colisée, par exemple, était presque entièrement numérique), de la violence épique et des paysages magnifiques. On s’est rappelé que le spectaculaire, jusqu’alors réservé aux films de science-fiction, pouvait aussi être découvert dans des mondes passés qui semblaient aussi exotiques que les mondes futurs », expliquait Martin Winkler (un professeur de lettres classiques à l’Université George Mason) en 2014 au Point.
« Les péplums sont une catégorie amusante parce qu’en tant que grands spectacles, avec leurs coûts forcément élevés, ce sont des blockbusters, mais en même temps, en tant que films « historiques », ils sont censés attirer un public plus âgé et lettré (…) D’autre part, il faut savoir que les films à gros budget visent maintenant toujours les jeunes spectateurs, parce qu’ils sont ceux qui rapportent le plus. Or, cela fonctionne avec la mythologie grecque et romaine parce qu’elle est associée à ce qu’ils apprennent à l’école », ajoutait Clare Foster, scénariste et chercheuse à l’Université de Cambridge, auprès de nos confrères.
Un cocktail gagnant pour Hollywood à tel point qu’on ne compte plus lés péplums depuis les années 2000. Des grandes figures d’Hollywood se sont frottées à ce style de films qu’elles n’auraient pas envisagé il y a encore quelques années. Brad Pitt et Orlando Bloom ont tourné dans Troie de Wolfgang Petersen (2004), Colin Farrel et Angelina Jolie ont porté Alexandre d’Oliver Stone (2005) ou encore Gérard Butler et Michael Fassbender étaient à l’affiche de 300 de Zack Snyder (2007). Plus récemment, on a eu droit au Choc des Titans de Louis Leterrier (2010), La Colère des Titans de Jonathan Liebesman (2012), Pompéi 3D de Paul W.S. Anderson (2014), 300 : La Naissance d’un empire de Noam Murro ou encore Hercule de Brett Ratner (2014) et Exodus : Gods and Kings de Ridley Scott. Le tout pour des résultats plutôt bof au box-office américain : Hercule avec Dwayne Johnson a surtout cartonné en Russie, et seuls Troie, 300 et Le Choc des titans ont été de francs succès. Le néo-péplum surgit de temps en temps, espérant à chaque fois reproduire la résurrection de Gladiator. En août 2016, Ben-Hur de Timur Bekmambetov (Wanted) tentera de nouveau de faire renaître la pompe antique.
Le général romain Maximus est le plus fidèle soutien de l’empereur Marc Aurèle, qu’il a conduit de victoire en victoire avec une bravoure et un dévouement exemplaires. Jaloux du prestige de Maximus, et plus encore de l’amour que lui voue l’empereur, le fils de Marc-Aurèle, Commode, s’arroge brutalement le pouvoir, puis ordonne l’arrestation du général et son exécution. Maximus échappe à ses assassins mais ne peut empêcher le massacre de sa famille. Capturé par un marchand d’esclaves, il devient gladiateur et prépare sa vengeance.

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