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Gambie Le dictateur Yahya Jammeh accepte de quitter le pouvoir

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Défait à l’élection du 1er décembre 2016, M. Jammeh, qui gouverne depuis vingt-deux ans, devait partir en exil, probablement en Guinée.
Parmi les titres qu’il s’était octroyés, l’autocrate gambien Yahya Jammeh se présentait comme le «Babili Mansa», le «roi qui défie les rivières ». Mais finalement, c’est par les airs que le président gambien, défait dans les urnes, devrait quitter son pays, probablement en direction de la Guinée, après plus d’un mois de résistance et douze heures de négociations finales avec les présidents de Guinée et de Mauritanie.
Le président est apparu dans la nuit de vendredi 20 à samedi 21 janvier à la télévision nationale. « J’ai décidé aujourd’hui en conscience de quitter la direction de cette grande nation», a-t-il déclaré, vêtu d’un boubou blanc et insistant, après vingt-deux ans d’un pouvoir exercé d’une main de fer et de nombreuses violations des droits de l’homme, sur son «infinie gratitude envers tous les Gambiens».
Médiateurs de la dernière chance, les présidents guinéen, Alpha Condé, et mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz ont convaincu Yahya Jammeh de céder le pouvoir à Adama Barrow, le vainqueur de l’élection du 1er décembre 2016, qui a prêté serment le 19 janvier à l’ambassade de Gambie au Sénégal. A peine avait-il terminé son discours d’investiture que des troupes de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), menées par le Sénégal, entraient dans le plus petit pays d’Afrique, sans rencontrer de résistance. Leur avancée avait été suspendue peu après pour laisser une chance à une solution politique.

Torture
Les discussions semblent avoir achoppé sur la question des poursuites éventuelles à l’encontre de M. Jammeh. Les cas de torture et d’exécutions extrajudiciaires par les forces de sécurité gambiennes sont susceptibles de lui valoir de retrouver, à La Haye, son ancienne ministre de la justice, Fatou Bensouda, aujourd’hui procureure de la Cour pénale internationale.
« Personne ne peut lui assurer d’amnistie en dehors d’Adama Barrow, confie une source proche des négociations. Et Barrow ne le fera pas, parce que le Sénégal, qui ne veut plus entendre parler de Jammeh, la refuse. »
Cinq pays ont offert l’asile à M. Jammeh : le Maroc, la Mauritanie, la Guinée, le Nigeria et le Qatar. L’ex-président gambien, lui, a longtemps exigé de pouvoir se retirer avec des éléments de sa garde rapprochée dans son village de Kanilai, à la frontière sud du pays, proche de la région sénégalaise de Casamance. Selon une source onusienne, l’ex-chef de l’Etat demandait également d’effectuer lui-même la passation de pouvoirs à son successeur, que sa sécurité juridique et physique ainsi que celle de ses proches soient assurées, et de pouvoir conserver la jouissance de ses propriétés.
Les termes de l’accord final n’ont pas été révélés. Selon une source diplomatique citée par l’Agence France-Presse, il sera conclu entre M. Jammeh et M. Barrow. Quant au départ de Gambie de M. Jammeh, une source à la State House, le palais présidentiel, a déclaré au Monde qu’il devrait se faire en direction de la Guinée, dont l’ex-première dame, Zineb Jammeh, est originaire. Contrairement à son homologue mauritanien, reparti en avion dans la soirée de vendredi, le président guinéen Alpha Condé a passé la nuit dans un hôtel de Banjul, apparemment dans l’espoir de repartir ultérieurement en emmenant M. Jammeh avec lui.

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