Accueil MONDE Espagne : une foule immense d’indépendantistes catalans manifeste avant un vote crucial

Espagne : une foule immense d’indépendantistes catalans manifeste avant un vote crucial

0

Les manifestants soutenaient les listes prônant la sécession de la Catalogne aux régionales du 27 septembre, au grand dam du gouvernement espagnol. Des centaines de milliers d’indépendantistes, près d’un demi-million de personnes, selon la préfecture, et jusqu’à 1,4 million, selon la police locale, ont célébré vendredi la journée nationale de la Catalogne, la Diada, persuadés de son caractère « historique », deux semaines avant un scrutin centré sur la sécession au grand dam du gouvernement de Mariano Rajoy.

Une large flèche jaune portée par des bénévoles a fendu la foule vers 17 heures sur cinq kilomètres dans la deuxième ville d’Espagne, pour s’emboîter dans une scène blanche, triangulaire. Un symbole évoquant, selon les organisateurs, l’élan vers une république indépendante, défaite du joug du royaume d’Espagne. Les discours se sont ensuite succédé à cette tribune, de partisans d’un nouveau pays, Catalans d’origine ou d’ailleurs, même des États-Unis, comme Liz Castro, éditrice et écrivaine américaine qui, évoquant Thomas Jefferson, a scandé : « We want our independent State » (nous voulons un État indépendant). « Nous sommes décidés à partir », a clamé Jordi Sanchez, autre figure du mouvement, président de l’association indépendantiste ANC (Assemblée nationale catalane). La police locale a estimé le nombre de participants à 1,4 million. La préfecture de police, qui représente le gouvernement central, n’a cependant pas confirmé ces chiffres.
«Une nouvelle république catalane, sans roi, sans pouvoir central qui nous traite comme de mauvais enfants » Souvent euphoriques, avec des enfants dans les bras et sur leurs épaules, les manifestants agitaient les drapeaux catalans rouge et or, comme Nicolas Liendo, 39 ans, qui a dévalé les « Ramblas » pour aller rejoindre la manifestation : « C’est avec joie que nous voulons bâtir une nouvelle république catalane, sans roi, sans pouvoir central qui nous traite comme de mauvais enfants », explique ce chef d’un restaurant de la ville. «Nous ne demandons pas la lune », avait affirmé plus tôt le président de l’exécutif catalan, Artur Mas, devant la presse internationale. « Nous aspirons à ce que la plupart des nations européennes ont déjà, c’est-à-dire un État.» Laura Alastruey, 24 ans, est venue de la ville de Vic, en moto avec son copain, pour soutenir «la création d’un pays catalan». «Plus qu’une question économique, ce qui compte pour moi, c’est la défense de la langue. Et cela relève d’un sentiment: je ne m’identifie pas à l’Espagne. » M. Mas et ses colistiers ont formé une coalition indépendantiste du centre droit à la gauche radicale. Ils ont présenté les élections régionales du 27 septembre comme un plébiscite, pour ou contre leur projet de conduire la Catalogne vers la sécession en seulement 18 mois.
Depuis 2012, la région n’a cessé de réclamer un référendum, sur le modèle des consultations sur la souveraineté du Québec et de l’Écosse qui se sont soldées par la victoire du non. Le président du gouvernement espagnol, le conservateur Mariano Rajoy, l’a toujours refusé, faisant valoir qu’il revient à tous les Espagnols de se prononcer sur l’unité du pays.

19 % du PIB de l’Espagne, 25 % des exportations
Mais le Parti populaire (PP, droite) qu’il dirige prend désormais très au sérieux ce scrutin. Les visites de ministres se succèdent dans la région de 7,5 millions d’habitants qui représente 19 % du PIB de l’Espagne et d’où partent 25 % des exportations. Jeudi à Barcelone, son ministre des Affaires étrangères, José Manuel García Margallo, avait surpris en se disant favorable à une réforme constitutionnelle avec davantage d’autonomie fiscale pour la Catalogne, vieille revendication de Barcelone. Il a été démenti vendredi par son collègue de l’Intérieur, Jorge Fernández Díaz. « Ce n’est pas en ligne avec la position officielle du parti » populaire, a-t-il dit. La Catalogne a accumulé les rancœurs depuis 2008, sur fond de crise et d’austérité. Elle n’a pas accepté qu’en 2010 le Tribunal constitutionnel rabote la large autonomie accordée par le Parlement espagnol en 2006.
Selon les sondages, les deux listes indépendantistes – « Junts pel si » et celle la CUP (extrême gauche) – obtiendraient une majorité absolue en sièges au Parlement catalan (68 à 74), sans pour autant réunir la moitié des voix (44 à 46 %). Or, Artur Mas affirme que 68 sièges suffisent pour lancer le processus devant aboutir à une déclaration unilatérale d’indépendance d’ici 2017.

«Je me sens de Barcelone, mais pas de la nation catalane»
Mais bon nombre de Catalans observent avec inquiétude ce processus : « J’en ai marre de cette histoire, je me sens de Barcelone, mais pas de la nation catalane ni de la nation espagnole », dit Joan Madorell, architecte paysagiste de 51 ans, à une terrasse de Barcelone. « C’est un scandale que Madrid refuse un référendum que 80 % des Catalans veulent », dit-il. « Mais c’est également un scandale que Mas et ses colistiers organisent des élections en disant que même sans obtenir une majorité de voix, ils se sentiront les vainqueurs. »
En Europe, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron ont récemment marqué leur soutien au gouvernement espagnol, se prononçant pour l’unité de l’Espagne.

Article précédentAbderrahmane Mebtoul, expert et consultant international en économie au Courrier d’Algérie : «il faut revoir le fonctionnement du CNES»
Article suivantEtats-Unis : Joe Biden, le sympathique « VP » en embuscade des primaires démocrates

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.