Accueil ACTUALITÉ Déchéance de la nationalité : le pari risqué de François Hollande

Déchéance de la nationalité : le pari risqué de François Hollande

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La volonté de François Hollande d’inscrire le principe de déchéance de la nationalité française, des Français binationaux, condamnés pour terrorisme, dans le projet de révision de la Constitution, suscite beaucoup de remous au sein de la gauche, voire une «véritable fracture» au Parti socialiste.
Prenant un pari risqué pour 2017, François Hollande, avec pour ligne de mire le premier tour de la présidentielle, est convaincu d’avoir la majorité nécessaire avec les voix de la droite, voire celles du Front national, pour faire passer cet amendement qui remettra de facto en cause le droit du sol, principe sacro-saint de la République en France. D’ailleurs, la colère est montée d’un cran dans les rangs socialistes et ne risque pas de s’estomper de sitôt avec la réaction de l’ancien Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui n’a pas été tendre avec son successeur. Plusieurs militants du Parti socialiste (PS) ont annoncé, lundi soir, avoir saisi la haute autorité éthique du parti au sujet du projet et de récentes déclarations du Premier ministre, Manuel Valls, jugées contraires à la «déclaration de principe» du PS. Le projet de réforme constitutionnelle, adopté par le Conseil des ministres le 23 décembre et qui sera examiné à l’Assemblée française à partir du 3 janvier, «a déclenché une réaction forte et légitime au sein du parti et bien au-delà, dans toute la gauche», ont indiqué ses militants dans un communiqué, dénonçant les déclarations tenues par Manuel Valls dans le “Journal du Dimanche” (JDD). Le Premier ministre a évoqué, rappelle-t-on, un «égarement» d’une partie de la gauche, «au nom de grandes valeurs, en oubliant le contexte, notre état de guerre, et le discours du président devant le Congrès», accusant lundi sur sa page facebook cette partie de «faire le jeu de l’extrême droite». Cette accusation a fait l’effet de l’huile sur le feu, dans la mesure où des cadres du parti ont estimé que sa déclaration et l’action du gouvernement «sont donc en contradiction avec les valeurs telles que définies par les textes du parti». «La déclaration de principes étant, à travers ces mots et ces actes, remise en cause, il nous apparaît urgent et prioritaire que cette haute autorité éthique puisse affirmer qu’ils ne sont ni prononcés ni mis en œuvre au nom des socialistes membres de ce parti», a souligné le communiqué. Martine Aubry a réagi sur son compte twitter, en déclarant qu’elle défend les valeurs républicaines et de gauche, ajoutant que «c’est le propre de la politique et j’en suis fière». François Lamy, un de ses fidèles, a également écrit qu’»on ne s’égare jamais en défendant ses valeurs. C’est même l’inverse». Pour sa part, la presse française a largement commenté cette situation inédite au sein de la gauche en relevant qu’elle se déroule sous l’œil «narquois» de la droite. “Le Monde” constate que la décision de François Hollande d’étendre la déchéance de nationalité à tous les binationaux, y compris ceux nés en France, «ne cesse de creuser une véritable fracture à gauche». “Libération”, pour sa part, estime que «la petite phrase de Valls sur cette gauche qui s’égare au nom des grandes valeurs a achevé de déboussoler son propre camp, plutôt que de convaincre», alors que “Le Figaro” ironise en écrivant «l’indignation, ça se travaille. Surtout chez les socialistes». Le Journal de droite dénonce «le concours d’expressions grandiloquentes, et donc risibles, que provoque dans son propre camp sa décision sur la déchéance de la nationalité».» évidemment, ça grogne dans la majorité», relève l “Opinion” qui voit, dans cette situation, «la preuve que la peur est mauvaise conseillère et qu’il faut toujours éviter de voter des textes sous le coup de l’émotion».Pour la Presse de la Manche, «entre grogne et fureur, la gauche est au bord de la crise de nerfs» et La Charente Libre écrit que des responsables socialistes «et non des moindres, comme Martine Aubry où l’ancien Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, y voient une erreur fatale en prévision de la présidentielle de 2017».
M.B.

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