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Crise des migrants : tension à la frontière entre la Macédoine et la Grèce

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Située au milieu de la « route des Balkans » qui mène les migrants d’Athènes en Allemagne, en passant par la Serbie et la Hongrie, la Macédoine, qui fait face depuis plusieurs mois à des arrivées incessantes sur la route de l’Europe, a annoncé l’état d’urgence dans ses régions frontalières dans le sud et dans le nord du pays. Le gouvernement a décidé d’y déployer l’armée pour, officiellement, «améliorer la sécurité des citoyens dans ces deux régions et permettre une meilleure approche des gens qui souhaitent demander l’asile», explique un communiqué officiel. Cette décision s’est traduite, vendredi 21 août, par de violents incidents, des soldats tirant au gaz lacrymogène sur une foule de plusieurs milliers de personnes qui avaient passé la nuit dans un no man’s land entre la Grèce et la Macédoine, dans des conditions extrêmement précaires. Si la police macédonienne nie tout incident à la frontière, Anthonis Rijas, coordinateur local de Médecins sans frontières (MSF), affirme que des forces spéciales de police « ont tiré des balles en plastique et ont dispersé les migrants à coups de bâton ». Il a « recensé une dizaine de blessés », et ajoute qu’il y a « des centaines de migrants qui attendent et de plus en plus arrivent toutes les heures ». La police a finalement permis dans l’après-midi à plusieurs centaines de personnes, essentiellement des familles avec des enfants et des femmes enceintes, de franchir la frontière après que le gouvernement eut annoncé qu’il permettrait «à un nombre limité de migrants illégaux faisant partie des catégories vulnérables» d’entrer sur son territoire. Ces derniers mois, plusieurs centaines de migrants — surtout venus de Syrie, d’Afghanistan ou du Pakistan — franchissaient chaque jour la frontière avec la Grèce, avant de prendre le train de la petite ville de Gevgelija, dans le Sud, pour se rendre en Serbie, au nord. Ils ont été 39 000 à la traverser en juillet, selon un décompte de l’agence Associated Press.

«Il n’y a plus de migrants depuis jeudi matin à Gevgelija »
Des soldats ont tiré au gaz lacrymogène, vendredi, sur une foule de plusieurs milliers de migrants après que la Macédoine a décidé de fermer sa frontière. Jeudi matin, tous les migrants qui avaient tenté de passer la frontière aux points de passage habituels en avaient été empêchés par la police militarisée. « Il n’y a plus de migrants depuis, jeudi matin, à Gevgelija, et entre quinze cents et deux mille sont retenus côté grec, assurait alors Anthonis Rijas. La situation est très difficile car il pleut. Nous avons distribué des ponchos, mais nous n’en avons pas assez pour tout le monde. » Ceux-ci recevaient un récépissé leur donnant soixante-douze heures pour déposer une demande d’asile, délai dont la plupart profitaient pour continuer leur périple vers le nord. Des bus et des trains spéciaux avaient d’ailleurs été mis en place pour transférer plus vite les migrants ; le pays se traverse en quelques heures. Mais, face à l’ampleur des arrivées, la situation s’était tendue ces derniers jours à Gevgelija. Les trains n’étaient plus en nombre suffisant, ce qui a conduit à des affrontements entre migrants et policiers pour monter à bord. Mercredi, le gouvernement macédonien avait appelé à l’aide ses voisins, leur demandant l’envoi de « wagons » supplémentaires. L’arrivée annoncée jeudi d’un navire transportant deux mille sept cents migrants syriens des îles grecques vers Thessalonique, à 80 kilomètres de la frontière avec la Macédoine, semble avoir conduit Skopje à prendre cette décision.
«Malheureusement, la Grèce, non seulement ne garde pas sa frontière, mais nous constatons nombre de cas de transferts organisés de migrants illégaux jusqu’à notre frontière », a expliqué à l’AFP le porte-parole du ministère de l’intérieur macédonien, Ivo Kotevski. Le gouvernement grec avait en effet affrété des bus pour conduire directement les migrants de Thessalonique à la frontière. Mais ce navire, parti de l’île de Kos mercredi matin, a finalement été détourné sans explication officielle vers Athènes, à la grande déception des migrants, qui avaient dû payer cent euros pour être transportés jusqu’à la frontière.
Malgré l’état d’urgence, la frontière avec la Grèce ne devrait toutefois pas être totalement fermée. «La frontière n’est pas fermée, mais elle n’a jamais été ouverte non plus», a ainsi théorisé M. Kotevski. «Le gouvernement nous a expliqué qu’il laisserait seulement passer le nombre de migrants que le pays peut accueillir dans de bonnes conditions, soit une centaine par jour », assure Mersiha Smailovic, qui travaille pour Legis, une ONG d’aide aux migrants. Mais les associations s’inquiètent que le renforcement de ces contrôles pousse les migrants à opter pour des voies plus périlleuses. «Je suis sûre que les passeurs vont venir se réinstaller et vont trouver d’autres chemins», estime Mme Smailovic. Une situation qui prévalait jusqu’au printemps, avant que la Macédoine ne décide d’organiser un minimum les flux de migrants en raison des pratiques mafieuses observées sur le terrain. Plusieurs migrants avaient alors témoigné du racket et des violences qu’ils avaient dû subir de la part des trafiquants.

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