La Présidence compte dépêcher un émissaire à In Salah, en vue de s’entretenir avec les habitants de cette région du pays, qui entament, pour rappel, leur deuxième semaine de manifestations pacifiques contre l’expérimentation et l’exploitation du gaz de schiste. Les déplacements de responsables et d’experts à In Salah, pour expliquer aux citoyens de cette région du pays que le premier puits de gaz de schiste dans le bassin de l’Ahnet «n’est source d’aucun danger» ayant été un échec, au regard de la poursuite de la mobilisation contre ce gaz non conventionnel, c’est un émissaire de la présidence qui prend en main cette tâche. Une décision de l’envoi d’un émissaire suite à une mobilisation des citoyens d’In Salah contre le gaz de schiste, laquelle va crescendo d’un jour à l’autre, par notamment la mobilisation d’autres régions. Situation à laquelle il faut apporter des réponses sur une question qui continue de susciter, notamment sur la scène internationale, des débats et des interrogations. Entre des experts qui avancent des arguments en faveur de l’expérimentation et l’exploitation de gaz de schiste et d’autres spécialistes qui avertissent, aussi, par un argumentaire sur les conséquences de cette activité, la question n’est pas tranchée et reste posée… Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a réaffirmé, juin dernier, au cours de la présentation du plan d’action du gouvernement à l’Assemblée populaire nationale, que l’exploitation du gaz de schiste interviendra à long terme. Précisant à cette occasion que le dernier texte adopté dans ce sens par le Conseil des ministres visait seulement à préparer le terrain à son extraction dans un futur lointain. «Nous avons adopté un nouveau texte sur le gaz de schiste et nous devons expliquer à nos citoyennes et citoyens qu’on ne peut se dérober à son exploitation à long terme», a-t-il déclaré, juin dernier, soulignant, toutefois, que son exploitation «n’est pas pour aujourd’hui». Décembre dernier, son ministre de l’Énergie, Youcef Yousfi, s’est rendu à Tamanrasset pour assister avec deux de ses collègues du gouvernement Sellal, en charge du secteur de l’environnement et celui des ressources en eau, au premier forage-pilote de gaz de schiste, en Algérie, dans le bassin d’Ahnet. Précipitation, avancent des intervenants qui s’expriment sur la question du gaz de schiste, notamment après la mobilisation des citoyens d’In Salah contre le gaz non conventionnel. Une nécessité, voire une voie que notre pays doit emprunter au regard des mutations en cours, notamment dans le secteur de l’énergie. En l’absence de débat national, sur la décision d’aller vers l’exploration et l’exploitation de ce gaz non conventionnel, l’opinion nationale était partagée sur le gaz de schiste, avant le forage-pilote du puits précité et continue de l’être, à ce jour. Si auparavant les critiques portées sur l’expérimentation et l’exploitation du gaz conventionnel étaient centrées sur leurs conséquences sur l’environnement, le cadre de vie et la santé, depuis le premier forage du puits pilote, fin décembre, l’argumentaire financier s’ajoute aux arguments précités. La teneur de cet argumentaire porte essentiellement sur la chute du prix du pétrole, lequel n’a pas été sans impact sur les ressources financières de l’État. Conséquence qui a vu le dernier Conseil des ministres, présidé par le chef de l’État, adopter des mesures «d’austérité», dont celle relative à la réduction de certaines dépenses.
Exigeant un financement plus important, que l’exploitation du gaz naturel ou le pétrole, laquelle activité dans laquelle notre pays dispose d’une longue expérience en la matière, ce qui n’est pas le cas pour le gaz de schiste, dont l’acquisition de la maîtrise et du savoir-faire coûtent très cher, lesquels sont l’apanage jusque-là de puissances occidentales, notamment les États-Unis.
Ce qui, en cette conjoncture de chute du prix du pétrole, semble s’inscrire dans la durée -à court et/ou moyen terme-, sur fond notamment des tensions entre Washington et Moscou, certains experts proposent la suspension du début des activités liées au gaz de schiste ou son report à court ou moyen terme. Par ailleurs, d’autres experts, dont ceux qui se sont déplacés à Is-Salah, outre qu’ils ont mis en exergue l’absence de risques sur la santé et l’environnement, avancent que cette activité permettra à l’Algérie d’être et de demeurer un acteur pour les années futures, dans le secteur de l’énergie, notamment s’agissant du gaz de schiste.
Il est à rappeler, qu’en mai dernier, «le Conseil des ministres a entendu et approuvé une communication du ministre de l’Énergie par laquelle il a sollicité l’accord pour l’exploitation des formations argileuses et schisteuses» mentionne le communiqué de la Présidence, à cette occasion. Il est précisé dans ledit document que «ce dossier a été présenté conformément à la nouvelle loi sur les hydrocarbures de 2013» laquelle législation «conditionne l’exploration et l’exploitation des schisteux à l’approbation du Conseil des ministres», est-il indiqué.
Aussi, il a été question dans ledit communiqué que le Conseil des ministres «a donné son accord pour le lancement des procédures requises en direction des partenaires étrangers» et que «les projets d’accords pour entamer les prospections seront soumis, le moment venu, à la décision du Conseil des ministres», avait indiqué la même source.
Karima Bennour