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Commerce informel : Lancement d’une étude

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«Économie informelle : concepts, mode opératoires et impacts». C’est le titre de la nouvelle étude que le ministère du Commerce a lancé, jeudi dernier à Alger, pour mesurer le poids réel de l’informel, qui représente 45 % du PNB (selon une enquête de l’ONS réalisée en 2012) ainsi que pour définir une stratégie pour endiguer ce phénomène.

Cette étude sera réalisée en partenariat avec le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) et appuyée du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). L’objectif de cette étude, selon les explications données lors de l’atelier consacré à son lancement, est de mieux connaître l’économie informelle dans ses différentes dimensions (financement, production, commercialisation, emploi) et aussi de cerner et de quantifier son impact sur l’économie nationale afin d’élaborer une stratégie adéquate pour lutter contre ce phénomène. Le lancement de cette étude est considéré comme « l’entame d’une réflexion objective et profonde autour de la problématique de l’informel qui a pris des proportions alarmantes sur la sphère économique nationale » selon le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville et ministre de Commerce par intérim, Abdelmadjid Tebboune, dans une allocution lue en son nom par le directeur général de la régulation et de l’organisation des activités au ministère du Commerce, Abdelaziz Aït Abderrahmane. En effet, les différents rapports et statistiques émanant d’experts en économie et alertant sur le fait que la présence d’une économie informelle non-contrôlée pourrait augmenter les risques liés à la criminalité financière (trafic de drogue, de cigarette, d’armes) semblent pousser les responsables concernés à prendre conscience de l’ampleur de l’informel. Pour Tebboune, il est temps de mettre fin à l’économie informelle qui est considérée, selon le même responsable, « comme un obstacle majeur pour la promotion de la production nationale dans le processus de la diversification économique amorcé par le gouvernement, qui représente une option fondamentale du développement du pays ». Toutefois, le ministre a reconnu que les mesures prises par le gouvernement restent limitées et
« insuffisantes ». Pour s’attaquer au marché informel, le ministère du Commerce a adopté une approche participative et inclusive en vue d’élargir le débat autour de cette problématique et recueillir le maximum de solutions. Une étude rigoureuse du phénomène de l’informel est urgente, selon le ministre, et cela pour « permettre de faire émerger des solutions opérationnelles pour le traitement de ce fléau ». La mise en œuvre de cette étude s’effectuera en deux phases : la première consiste à l’élaboration d’une enquête dans la wilaya de Tlemcen en 2017, choisie comme wilaya pilote, dont la réalisation et le financement seront assurés par le Cread.
La seconde phase sera, quant à elle, consacrée à l’élaboration d’une enquête nationale en 2018 dont les aspects liés au financement et à l’expertise seront à la charge du Pnud. À ce propos, le directeur du projet et chercheur au Cread, Mounir Lassassi, a expliqué que l’étude consistait à l’analyse de l’économie informelle, qui sera fondée sur des enquêtes sur le terrain. Selon lui, il s’agit d’abord d’estimer la taille de ce secteur et d’améliorer la connaissance de l’économie informelle, en collectant les données nécessaires à son analyse pour mettre en œuvre des politiques adaptées à même de lutter contre ce phénomène. L’étude vise également à identifier les caractéristiques saillantes des actifs informels et les branches d’activités concernées pour appuyer la mise en œuvre d’outils assurant l’opérationnalisation de la stratégie de lutte contre l’économie informelle. Elle sera aussi un moyen pour analyser la mobilité des actifs informels, élaborer un diagnostic et proposer des recommandations pour éclairer les décisions des autorités. Le choix de la wilaya de Tlemcen, a-t-il expliqué, est motivé par son caractère frontalier, permettant de construire et de tester les instruments statistiques afin de mesurer l’économie informelle et de comprendre son fonctionnement. Cette étape intermédiaire permettra également de comprendre tous les aspects liés à l’économie informelle dans une wilaya frontalière: le financement, la production et les circuits de distribution.
Il s’agit aussi d’apprendre à travailler avec plusieurs institutions et de monter une équipe mixte de recherche sur l’économie informelle composée d’universitaires, de partenaires économiques et des représentants de différentes institutions en lien avec le sujet. Quand à la deuxième étape, l’objectif est d’étendre l’enquête à toutes les autres wilayas du pays avec une enquête représentative. Plusieurs experts seront impliqués pour mener à bien cette enquête ainsi que de différentes institutions (ministères des Finances, de l’Agriculture, de l’Industrie, du Travail, l’Office national des statistiques, Centre national du registre de commerce…). Le coordinateur résident du Pnud en Algérie, Éric Overvest, s’est réjoui du lancement de cette action, en affichant la disponibilité de cette agence de l’ONU à mettre les moyens financiers et l’expertise à la disposition de l’Algérie pour mieux étudier et faire face au phénomène de l’économie informelle. Par ailleurs, selon le sous-directeur des statistiques et de l’information économique auprès du ministère du Commerce, Abderrahmane Saâdi, l’économie informelle employait 1,6 millions de personnes en 2001 avant d’augmenter à 3,9 millions de personnes en 2012 (45,6% de la main d’œuvre totale non agricole) réparties comme suit: commerce et services (45,3 %), BTP (37 %) et activités manufacturières (17,7 %). Saâdi a souligné que les opérations de lutte contre les marchés informels se sont soldées, à fin 2016, par l’éradication de 1 035 sur les 1 412 marchés informels recensés (73 %) dont 216 ont été éradiqués et réapparus, ainsi que la réinsertion de 21 239 intervenants exerçant à l’intérieur de ces marchés éradiqués sur un total de 49 836 personnes recensées (42 %).
Hamid Mecheri

Des mesures pour lutter contre la spéculation durant le mois de Ramadhan
Le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville et ministre du Commerce par intérim, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé jeudi à Alger, que des mesures répressives
« rigoureuses » seraient prises contre les commerçants coupables de pratiques commerciales illicites et de spéculations sur les produits de large consommation durant le mois de Ramadhan. « La disponibilité des produits est une question qui relève du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, tandis que les mesures de contrôle ordinaires, d’approvisionnement et de contrôle du marché relèvent des prérogatives du ministère du Commerce» a-t-il précisé en réponse à une question de journalistes en marge de la séance consacrée aux questions orales au Conseil de la nation. « Le gouvernement interviendrait en cas de problèmes liés à un déséquilibre entre l’offre et la demande » a-t-il encore indiqué pour rassurer sur la stabilité des prix de produits de large consommation durant le mois sacré.
H. M.

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