Les entreprises algériennes notamment publiques «ne sont pas prêtes» à s’introduire en Bourse malgré la nécessité de recourir à cette alternative au financement à travers le Trésor public, a estimé, samedi à Alger, le président de la Commission d’organisation et de surveillance des opérations en Bourse (Cosob), Abdelhakim Berrah.
Depuis son démarrage effectif à la fin de l’année 1999, la Bourse d’Alger a enregistré l’introduction de quatre (4) titres de capital (actions), dont trois (3) sont actuellement cotés (groupe Saidal, EGH Chaîne El-Aurassi et la compagnie privée d’assurances, Alliance Assurances) agrégeant une capitalisation de 15 milliards de dinars et de six (6) titres de créances corporatifs (obligations d’entreprises) émis auprès du grand public, dont quatre (4) sont déjà échus. Huit (8) entreprises publiques seront introduites en Bourse en 2015, après la validation du Conseil de participation de l’État (CPE). Il s’agit du Crédit populaire d’Algérie (CPA), les trois (3) cimenteries publiques relevant du groupe industriel des ciments d’Algérie (Gica), la compagnie d’assurance Caar, Cosider Carrières (filiale du groupe public du BTPH Cosider), l’entreprise Hydro-aménagement et, enfin, l’opérateur historique de téléphonie mobile, Mobilis. Dans ce contexte, Berrah a déclaré que « si nous arrivons à introduire trois (3) entreprises parmi les huit (8) concernées, avant la fin 2015, nous serons très satisfaits», en ajoutant que le processus diffère d’une entreprise à une autre, selon sa nature, en raison notamment de la complexité d’évaluation de certains types de sociétés. En outre, les entreprises publiques sont soumises à une réglementation spécifique les obligeant, entre autres, à passer par des appels d’offres pour le choix de leurs accompagnateurs, ce qui rend le processus plus long. Pour les entreprises privées, Berrah a fait savoir que la Cosob n’a reçu aucun dossier d’introduction en Bourse, mais précise qu’au moins cinq (5) entreprises préparent activement leur introduction.
La Cosob s’attend, dans le même sillage, à la multiplication des demandes d’introduction dans les prochaines années, sous l’effet de la tendance actuelle, visant à orienter le financement des entreprises vers la sphère marchande au lieu du Trésor public. En outre, une dizaine d’entreprises privées préparent aussi leur introduction. Selon Berrah, certaines entreprises, dont le nombre est assez important, ont exprimé leur intention de se financer, via le marché obligataire. Depuis la récente chute des prix du pétrole, la demande d’introduction en Bourse s’est accentuée, notamment au niveau du marché obligataire, contrairement au marché des actions qui demandent plus de travail en profondeur. Toutefois, le nombre d’entreprises cotées à la Bourse d’Alger reste très loin des potentialités de l’économie algérienne. Malgré la réussite de toutes les opérations d’appel public à l’épargne, réalisées via la Bourse d’Alger, le nombre des sociétés cotées reste modeste, et les niveaux des échanges et de la capitalisation boursière demeurent relativement faibles, compte tenu du nombre colossal des émetteurs potentiellement éligibles au marché boursier, et du niveau appréciable de l’épargne nationale, dont recèle notre économie. Par ailleurs, à l’image de plusieurs places boursières émergeantes, un compartiment dédié au financement des Petites et Moyennes entreprises sera prochainement institué au niveau de la Bourse d’Alger. Ce compartiment permettra aux PME de diversifier les alternatives de financement, et plus particulièrement celles visant la consolidation de leurs fonds propres (augmentation de capital) et par voie de conséquence, le renforcement de leur solvabilité et l’amélioration de leur éligibilité au financement bancaire. Pour bien parfaire l’encadrement de ce plan, des experts nationaux et étrangers couvrant plusieurs domaines de spécialisation, inhérents au marché financier, tels que le droit boursier, l’organisation et le fonctionnement des marchés de capitaux, l’intermédiation financière et boursière, les systèmes d’information et informatiques boursières ont été sélectionnés et associés aux parties prenantes à ce plan de réforme.
Ces experts ont pour principale mission d’accompagner, tout au long de la phase de diagnostic et de conception, les acteurs du marché financier, afin de les assister dans l’établissement d’un modèle de marché efficient et approprié aux spécificités de l’économie et de la société, algériennes. Par ailleurs, il s’agit de développer une culture boursière chez le grand public, et de sensibiliser aussi bien les investisseurs que les émetteurs sur les multiples possibilités offertes par la Bourse en matière de financements, de placements et de produits de l’épargne. Les participants au séminaire de vulgarisation, organisé par la Société de gestion de la Bourse des valeurs (SGBV) et l’Ordre national des experts comptables, ont souligné l’importance du rôle des professionnels de la corporation dans le processus d’introduction et de la prise de décisions, majeurs, de l’entreprise. Par conséquent, il est à noter qu’aucune introduction n’a été enregistrée, en 2014, à la cote officielle de la Bourse d’Alger.
Lazreg Aounallah