Accueil MONDE Allemagne : Merkel souffle ses dix bougies dans la tourmente

Allemagne : Merkel souffle ses dix bougies dans la tourmente

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On ne lui prédisait qu’un seul mandat. Voilà dix ans qu’elle est la « chancelière Teflon » de l’Europe. Mais depuis deux mois son étoile pâlit.
Qui l’aurait cru ? Lorsqu’elle est devenue, le 22 novembre 2005, la toute première chancelière allemande, peu de ses concitoyens auraient imaginé qu’elle resterait à son poste plus d’une décennie. Angela Merkel fête pourtant ce dimanche ses dix ans de « règne ». Élue en 2005, 2009 et 2013, elle est aujourd’hui encore le leader incontesté de la plus puissante économie d’Europe, celle que le prestigieux Frankfurter Allgemeine Zeitung a surnommée la chancelière « sans concurrence » (« alternativlos »). Quelques « fissures » commencent toutefois à apparaître dans la stature imposante de cette ancienne chimiste est-allemande.
« Mutti » a vu sa cote de confiance chuter de quatorze points en deux mois (49 %), soit son plus bas niveau en cinq ans.
Ces dix années à Berlin ont été marquées par un redressement spectaculaire de l’économie du pays. Le taux de chômage n’a pas dépassé 4,3 % en septembre, alors qu’il atteignait 12,1 % en février 2005. 42,7 millions de personnes travaillent aujourd’hui en République fédérale, soit 4,4 millions de plus qu’en 2005. Le produit intérieur brut par habitant a, dans le même temps, explosé dans le Sud déjà riche, comme en Bavière (+ 29,2 %) et dans le Bade-Wurtemberg (+ 30,8 %), mais aussi dans les Länder issus de l’ex-RDA, telles la Saxe
(+ 35,4 %) ou la Thuringe
(+ 36,9 %). Les énergies renouvelables représentent, quant à elles, près de 30 % de la production d’électricité du pays, contre 10 % dix ans plus tôt. Ces taux de croissance impressionnants sont une conséquence directe des réformes libérales lancées par Gerhard Schröder qui ont également provoqué une paupérisation d’une partie de la population. Angela Merkel a ainsi récolté les fruits des graines semées par son prédécesseur, mais de nombreux économistes s’accordent à dire que sa politique économique a permis de renforcer la compétitivité de l’Allemagne.

Son échec : inverser la courbe démographique
Rares pourtant étaient ceux qui pensaient en 2005 que cette timide politicienne, souvent mal à l’aise devant les caméras, allait devenir la « femme la plus puissante du monde », selon le magazine américain Forbes. En se faisant élire avec tout juste 35,2 % des voix, la candidate de la CDU a obtenu le deuxième plus mauvais résultat de son parti depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, parvenant même à perdre 3,3 points par rapport au scrutin précédent que le Bavarois Edmund Stoiber avait… perdu face à Gerhard Schröder. Une étude réalisée en août 2005 par l’Institut d’Allensbach montrait que seulement 23 % des personnes interrogées jugeaient que leur nouvelle chancelière était un « leader fort » et à peine 26 % des sondés la considéraient comme « digne de confiance ». Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts berlinois depuis… Angela Merkel n’est toutefois pas parvenue à inverser la courbe démographique de son pays. La République fédérale comptait l’an dernier à peine 80,9 millions d’habitants, contre près de 82,5 millions en 2005. Pour pallier le vieillissement de la population, la chef de la CDU a décidé d’accepter tous les demandeurs d’asile en provenance de pays en guerre. Mais l’arrivée de plus de 800 000 migrants cette année a soulevé une vague d’inquiétude sans précédent chez notre voisin, ce qui explique en grande partie la chute de popularité de la « chancelière Teflon ». Le quotidien conservateur Die Zeit estime que la période actuelle pourrait être « le début de la fin » pour la passionnée d’opéra et de randonnée montagnarde qui se verrait pourtant bien briguer un quatrième mandat en 2017. « Angie » n’est toutefois jamais aussi forte que lorsqu’elle est dénigrée. Helmut Kohl a commis l’erreur de ne pas mesurer à sa juste valeur sa ministre qu’il surnommait « Mädchen »
(« gamine ») et Gerhard Schröder la comparait à la veille de sa défaite électorale à une « petite église de campagne [qui devrait rester] dans son village ». On connaît la suite…

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