L’initiative de la direction des affaires relieuses et du wakf, de la wilaya d’Aïn Témouchent, prise durant le mois du Ramadhan mérite d’être citée et encouragée à plus d’un titre. De quoi s’agit-il au juste ? Elle consiste à faire campagne à l’endroit des commerçants pour qu’ils adhèrent à l’opération de solidarité avec les consommateurs, une association qui vise à pratiquer des prix raisonnables et de se contenter d’une marche légale en présentant sur les étals des produits sains.
La décision a été épaulée par la direction du commerce, laquelle a désigné des membres faisant partie de la commission mobile en tournée à travers le chef-lieu de wilaya dans un premier lieu. Selon toute vraisemblance, l’opération sera généralisée par la suite. Cette information a été rapportée par le directeur de wilaya qui s’est confessé à la presse mercredi dernier. En effet, le travail consiste à aller à la rencontre des commerçants pour les sensibiliser sur la portée civilisationnelle du mois de carême et les bienfaits attendus sur le plan moral que religieux vis-à-vis de Dieu et des citoyens. Les explications ont été appuyées par la distribution de prospectus comportant un ensemble de hadith ayant trait aux mois de jeûne, aux pratiques commerciales. Les hadiths qui disent « Le commerçant loyal est avec les prophètes, les martyrs et les loyaux dans le vaste paradis de Dieu. » et « Celui qui triche n’est pas des nôtres.» C’est une première de voir des imams, des inspecteurs du culte et des agents du commerce travailler ensemble pour les mêmes buts citoyens.
Il suffit d’être correct et loyal vis-à-vis des clients pour que le commerçant ait une place au paradis auprès des prophètes. Le prophète, que le salut de Dieu soit sur lui, n’a pas exigé du commerçant beaucoup de prière et d’aumône mais tout simplement d’être loyal et juste en vers lui-même et les autres. C’est cette relation que veut développer le hadith entre les deux partenaires et que les membres de la commission veulent vulgariser et mettre en application dans les mœurs et les coutumes de l’activité commerciale et des commerçants. L’autre hadith « Celui qui triche n’est pas des nôtres.» vient en quelque sorte apporter de l’appoint au premier et donner des éclaircissements sur certains aspects qu’il faut décrypter absolument.
Donc, le commerçant qui triche n’est pas des musulmans tant qu’il continue à tricher. Les réactions des commerçants sont multiples et diverses et les interprétations également, mais dans l’ensemble l’opinion locale est favorable à ce genre de coordination dans les actions des différents secteurs économiques. Sortir du cadre restreint des prêches dans les mosquées et aller vers le citoyen pour l’inviter à prendre part dans les discussions et débats nationaux autour des thèmes d’intérêt communautaire et civilisationnel. Beaucoup de commerçants ignoraient ces concepts et ces notions relatifs à la pratique commerciale dans notre religion. Beaucoup aussi étaient persuadés et convaincus de la nécessité de se conformer aux principes de l’islam et la à réglementation en vigueur. Dans les pays du golfe arabe, les commerçants sont solidaires durant le mois du Ramadhan et les marges bénéficiaires appliquées sont quasiment nulles. L’initiative est en route et laisse augurer de bonnes réactions au sein des commerçants, de la population et des responsables locaux. « Celui qui triche n’est pas des nôtres.»
Boualem Belhadri
