Accueil ACTUALITÉ 22E MARDI CONSÉCUTIF DE MOBILISATION : Pas de vacances pour les étudiants

22E MARDI CONSÉCUTIF DE MOBILISATION : Pas de vacances pour les étudiants

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Ni la période d’examens coïncidant avec la dernière semaine avant la clôture de l’année universitaire, ni la forte chaleur de la journée d’hier, n’ont dissuadé ou affaibli la détermination des étudiants qui ont marché, à travers le pays, pour le 22e mardi consécutif de mobilisation.

À Alger, lieu des principales manifestations, le défilé des étudiants s’est déroulé dans le calme entre la Place des Martyrs et la Faculté centrale en passant par l’esplanade mitoyenne de la Grande Poste. Après cinq mois de mobilisation, les étudiants, qui appréhendent des signes d’essoufflement de leur mouvement, ont improvisé un rassemblement instantané près de la station de métro de la Place des Martyrs et la station de bus ETUSA afin de faire le bilan de la mobilisation.
En quête d’un nouveau souffle et de nouvelles idées pour sauvegarder et maintenir la mobilisation, vu que mardi prochain sera le dernier jour de juillet avant le début des vacances à l’université, ce qui signifie aussi la fermeture des résidences «U». Des étudiants, mais aussi des enseignants se sont succédé à la tribune pour faire partager, par le moyen d’un mégaphone, leurs idées et émettre des propositions. À l’unisson, les étudiants ont opposé leur refus de toute tentative de récupération de leur mouvement par les partis politiques ou de parler en leur nom lors du dernier Forum de dialogue (initié par les partis des Forces de changement), tout en insistant sur la nécessité d’avoir un cadre organisationnel spécial pour les représenter.

«Point de dialogue sans la libération des détenus d’opinion»
Ils ont aussi exigé avant de s’engager dans un quelconque dialogue avec le Pouvoir de libérer tous les détenus du Hirak. Selon les étudiants, rencontrés sur place, «parmi les 25 détenus toujours en prison se trouvent 5 étudiants qui ont été arrêtés lors des 18ème et 19e vendredis de marches». «Que des cris en l’absence de mesures de réformes. On parlait depuis cinq mois, mais on a rien fait !», s’est exclamé un étudiant d’un ton coléreux. «Nous sommes les étudiants et nous aimons l’Algérie. Mais nous ne tolérerons pas que des partis opportunistes et corrompus viennent aujourd’hui cueillir le fruit de notre effort et prétendre nous représenter. Il faut que notre Mouvement se structure. Il faut constituer un comité estudiantin libre qui parlera au nom des étudiants et qui proposera des solutions politiques», a-t-il ajouté. Il poursuivra: «Moi, j’ai sacrifié le deuxième semestre de mes études pour me consacrer à dénoncer la «3issaba» (la Bande). Le Hirak n’a pas apporté de résultats concrets pour nous les étudiants. Au contraire, nous constatons que le système Bouteflika est encore en vigueur et même plus fort. Comment ce fait-il que le peuple sort manifester dans toutes les wilayas, alors qu’une grande partie de ce peuple vit toujours dans la misère. Dans les campus et cités universitaires c’est encore la honte. Les conditions de vie dans la cité Talebs- Abderrahmane 2, la cité où est décédé Assil [étudiant assassiné dans sa chambre début février dernier]. Le système Bouteflikien est fondé sur l’exclusion. On souffre toujours de l’exclusion. Nous espérons que le Hirak que l’on vit dans la rue se produise aussi dans les autres institutions et sociétés».

«Aucune partie ne doit parler au nom des étudiants»
Un autre étudiant, visiblement plus remonté que son collègue, abonde dans le même sens: «Ce sont toujours les mêmes têtes qui nous gouvernent. On ne peut pas entamer un quelconque dialogue alors que nos frères sont toujours en prison. Il faut que ce système dégage. La mobilisation des vendredis ne suffit plus. Il faut continuer à manifester les mardis, et même aller vers le durcissement de notre action. Pourquoi ne pas aller vers la désobéissance civile ? Il faut que ce système corrompu parte et immédiatement!». «Il faut que l’on sache ce que nous voulons. Certaines parties veulent utiliser l’étudiant pour leurs propres intérêts. Nous n’allons pas accepter», tranche un autre étudiant. Un collègue le coupe : «les cités universitaires vont fermer la semaine prochaine. Il faut continuer la lutte et la mobilisation. Il faut trouver d’autres moyens et alternatives pour éviter l’essoufflement de notre mouvement». En effet, les étudiants ont invité les autres catégories de la société à se joindre à leur mouvement. Ce à quoi ont répondu les passants : des femmes, des vieux, des parents accompagnés de leurs enfants, ont tous marché avec les étudiants. Pour donner plus de sérieux au mouvement, les étudiants ont demandé à tous manifestants portant un instrument de musique, comme la derbouka, de s’abstenir d’y jouer. À 10h50, et après avoir entonné les chants patriotiques, comme «Min DJibalina» et «Watanni, Watanni», les étudiants ont commencé leur marche de la Place des Martyrs en empruntant la rue Bab Azzoun, en passant par les boulevards Larbi Ben M’hidi et Ali Boumendjel, avant d’observer une brève halte devant la Place Emir Abdel kader. Les manifestants ont crié : «Article 7 : le pouvoir est au peuple», «Makach Hiwar m3a l’3issaba», (pas de dialogue avec la bande), «Une presse libre, une Justice libre», «le peuple veut un État civil», «Ya H’na, ya n’touma, Maranach rayhin», (soit nous, soit vous, on ne s’arrêtera pas!), «Système dégage !»… etc. Ils ont repris ensuite leur marche, en passant par la placette mitoyenne à la Grande Poste pour descendre par le boulevard Khemisti Mohammed, et d’emprunter le boulevard colonel Amirouche. Devant le commissariat de police, sur place les marcheurs observent une pause, en scandant : «libérez les détenus !», «libérez Bouregrâa ». Les étudiants ont continué ensuite leur action jusqu’à la Faculté centrale. Le rassemblement s’est dispersé dans le calme aux environs de 13H, et rendez-vous est donné pour le prochain mardi.
Hamid Mecheri

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